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SCÈNES HISTORIQUES.

poitrine le parchemin, et en boutonnant son pourpoint pardessus.

— Adieu, Leclerc, dit à demi-voix Charlotte.

Mais le jeune homme ne l’entendit pas, et s’élança hors de l’appartement, sans lui répondre.

— Que l’enfer les conduise, et qu’ils arrivent au but, dit la reine.

— Que Dieu veille sur eux, murmura Charlotte.

Les deux jeunes gens descendirent aux écuries ; l’Île-Adam choisit ses deux meilleurs chevaux, chacun sella, brida le sien, et sauta dessus.

— Où en trouverons-nous d’autres quand ceux-ci seront morts ? dit Leclerc ; car au train dont nous allons les mener, ils ne nous conduiront guère qu’au tiers de la route.

— Je me ferai reconnaître aux postes bourguignons qui se trouveront sur notre passage, et l’on m’en donnera.

— Bien !

Ils enfoncèrent leurs éperons dans le ventre de leurs montures, leur jetèrent la bride sur le cou, et partirent comme le vent.

Certes, celui qui, à la lueur des étincelles qu’ils faisaient jaillir dans leur course, les eût vu dans l’ombre de cette nuit grisâtre glisser ainsi côte à côte, chevaux et cavaliers dévorant l’espace, crinières et cheveux au vent ; aurait raconté, pendant longues années, qu’il avait assisté au passage d’un nouveau Faust et d’un autre Méphistophèles se rendant sur des coursiers fantastiques à quelque réunion infernale.


V.


Tous criaient : « Notre-Dame de la paix ! vive le roi ! Vive Bourgogne ! Que ceux qui veulent la paix s’arment et nous suivent. »


Le moment était, on ne peut mieux choisi par Perrinet Leclerc pour mettre à exécution le projet qu’il avait conçu de li-