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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

long-temps tout l’intérêt du merveilleux. Les colonies formées par les Français et les Anglais aux Malouines, firent connaître ces îles, grâce aux récits de Bougainville, de Pernetty, de Byron et de Mac-Bride. Les voyages successifs autour du monde de plusieurs navigateurs célèbres détruisirent d’abord la chimère de l’île Pepys, et ensuite celle de la terre de la Roche ; ils rendirent familière la navigation du détroit. En 1756, le navire espagnol le Lion retrouve cette île, que Vespuce paraît avoir vue le premier, et que les Anglais nommèrent Géorgie. Cook parut enfin pour découvrir la Thulé australe et les ports de la Terre-de-Feu et des États, après s’être avancé plus près du pôle voisin qu’aucun homme ne l’avait fait avant lui. L’année 1779 vit ses premières tentatives d’établissement à la baie Saint-Julien, et ensuite au port Désiré, sur la côte patagonienne. Enfin, de 1786 à 1788, Antonio de Cordoba et Fernando Miera procurèrent des renseignemens sur la forme, le sol, les produits et le climat et les habitans du détroit. Sans parler ici de Malaspina, la dernière exploration paraît être celle de Moraleda, qui, de 1787 à 1796, examina la partie méridionale du Chili, les îles Chonos et celle du Chiloé, dans l’espérance de trouver une communication nouvelle entre les deux mers.

Tandis que des peuples rivaux pénétraient dans le grand Océan par la route du sud, l’existence présumée du passage du nord, fondée principalement sur les relations de Corte-Real, devint la cause de plusieurs expéditions qui jetèrent un vif éclat sur la fin du xvie siècle. Les recherches se dirigèrent d’abord vers le nord-est. En 1553, Chancellor, suivant les anciennes traces du Norwégien Other, pénétra dans la mer Blanche, auprès d’Archangel, et se rendit à la cour du czar, monarque aussi peu connu de l’Europe que le grand khan du Cathay. Les Anglais ne parvinrent avec leurs vaisseaux qu’à l’embouchure de l’Oby, et par terre qu’à Boukhara. Les richesses de la Perse et de l’est devinrent un attrait si puissant, que des tentatives vers le nord-ouest furent dirigées avec une nouvelle ardeur sous les auspices d’Élisabeth, protectrice active de la marine.

Animés aussi par la découverte récente du Japon, plusieurs