Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
REVUE DES DEUX MONDES.

connus ; et ceux-ci, qui venaient enfin d’adopter la route du cap de Horn, après une coupable inaction d’un siècle et demi, ordonnèrent, sous la conduite de Juan-Perez, Vicente Vila, Bruno Heceta, Juan de Ayala, La Bodega y Quadra, Canizares, Arteaga et Maurelle, des expéditions qui eurent pour résultat l’établissement des présides de Monterey et San-Diego, en 1763 ; la découverte des beaux ports de Noutka et Bucazeli, de l’embouchure de l’Ascension ou de la Colombia, et de quelques baies entre le quarante-septième et le cinquante-huitième parallèle. D’autres entreprises conduisirent ensuite les Espagnols, en 1779, jusqu’aux établissemens avantageux que leurs rivaux venaient de former au nord pour le commerce des fourrures. Un retard empêcha les premiers de devancer Cook dans sa belle reconnaissance ; les autres restèrent dans les ports pendant les hostilités d’Amérique, jusqu’après la paix de Versailles, et ne sortirent qu’en 1788.

À peine aurions-nous maintenant des données positives sur ces régions du N.-O., si d’autres peuples n’en avaient pas entrepris la reconnaissance, et si l’emploi des procédés rigoureux, le talent et la publicité, n’avaient remplacé les méthodes vicieuses, la lenteur et la réticence ; si enfin une rivalité tardive n’eût stimulé les Espagnols. Il restait encore, sur la possibilité d’un passage, des doutes que l’Angleterre était intéressée à résoudre, et le capitaine Cook, qui avait déjà perfectionné l’hydrographie de Terre-Neuve et du Canada, parut, en 1778, sur les côtes opposées du même continent, où il acquit, sur cette partie de l’Amérique, les premiers renseignemens certains. Il examina les points principaux, découvrit William’s Sound et Cook’s River, visita les Aléoutiennes, la presqu’île d’Alaska ; et, s’élevant au nord aussi loin que l’avaient fait les Russes, il fut empêché par les glaces de revenir en Europe par une route polaire. La Pérouse vint bientôt réparer quelques omissions de Cook, fit des découvertes signalées par la fin tragique de plusieurs de ses compagnons, et vérifia celles que les Espagnols n’avaient fait qu’indiquer. Billings, Saristchew et Sauer s’occupèrent ensuite avec le plus grand soin d’examiner la chaîne des îles Aléoutiennes,