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une nature toute sauvage, opposèrent les plus puissans obstacles. La multiplicité des gouvernemens rendit les victoires moins décisives et les négociations plus difficiles. Il fallut alors s’avancer d’embuscade en embuscade, gagnant du terrain pied à pied, harcelé dans toutes les marches par des troupes de partisans.

Ce fut ainsi qu’au Nouveau-Mexique et au Chili la domination étrangère ne s’établit que par degrés ; il y fallait découvrir et créer, le sol cachait les richesses, et les peuples indigènes n’en trahissaient pas imprudemment l’existence. De même la Côte-Ferme, la Nouvelle-Grenade et la Plata pouvaient avantageusement entretenir avec la métropole des rapports faciles, et en tirer de continuels renforts ; cependant on ne connut long-temps que leurs rivages et les bords des grands fleuves, qui furent seuls colonisés dans l’origine des établissemens. Au Brésil, les Européens, fixés d’abord en petit nombre, furent réduits à se contenter de l’habitation des côtes. Les rivières qui arrosent l’intérieur de cet empire n’étaient accessibles que par le fleuve des Amazones, et cette circonstance naturelle leur enlevait les nombreux avantages qu’elles auraient pu offrir à l’exploration et à la conquête. Aucune difficulté n’était capable d’arrêter les Paulistes ; mais le souvenir de leurs premières excursions se perdit, et les Portugais ne furent attirés sur leurs traces que par la découverte tardive des mines les plus riches.

Dans l’Amérique septentrionale, les contrées du Canada, de la Nouvelle-Angleterre et de la Louisiane, qui furent si long-temps négligées, devinrent, après des essais maladroits, le théâtre d’une colonisation toute particulière, dont l’agriculture et la chasse formèrent la base. Les productions de la terre y furent moins riches qu’au Pérou, au Brésil et au Mexique ; mais l’industrie et l’activité y furent plus grandes et plus sages. La proximité de l’Europe, la direction favorable des fleuves, l’enchaînement des lacs, la profondeur des golfes, la fertilité d’un sol vierge, auraient suffi sans doute pour assurer l’accroissement et la prospérité de ces colonies ; mais ce qui détermina surtout leur supériorité, ce qui leur valut les premiers droits à une existence politique, ce fut leur climat tempéré, cette hospitalité de