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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

la nature qui permet à une population toute européenne d’y cultiver les arts anciens et les habitudes énergiques de la mère-patrie, avantages du premier ordre qui prirent ensuite tous leurs développemens, sous l’influence de cette sage liberté, qui est fille des lumières.

Après les conquêtes des usurpateurs, les explorations des missionnaires, les marches des chasseurs, des aventuriers et des coureurs de bois, les découvertes partielles furent dues aux progrès de la colonisation. Les maîtres du pays en prirent successivement une connaissance plus étendue, et des cartes furent ébauchées. La guerre du Canada et celle de l’indépendance vinrent donner ensuite un grand développement aux connaissances géographiques. La compagnie de la baie d’Hudson fit en même temps explorer d’immenses solitudes, et les frères Moraves apportèrent la civilisation au Labrador et au Groënland.

Pendant plus de deux cents ans, la géographie de l’Amérique ne fut redevable de ses progrès qu’à un esprit aventureux de découvertes et de conquêtes, à la soif de l’or, au zèle évangélique, à l’amour de la liberté ; mais le désir de travailler au progrès des sciences est un caractère qui ne s’attache à des entreprises que depuis le dix-huitième siècle. Nous avons déjà donné des éloges aux explorations maritimes des Français, des Espagnols et des Anglais, hâtons-nous d’ajouter qu’en même temps que des gouvernemens faisaient examiner à leurs frais le littoral de l’Amérique dans l’intérêt de la navigation, l’utilité publique et la soif des connaissances guidèrent des hommes d’un grand mérite au-delà des mers, dans des contrées mal connues, dignes d’exercer leurs talens et ceux de quelques observateurs qu’elles virent naître, parmi lesquels on aime à nommer Velasquez, Gama, Zalazar et Alzate. La simple curiosité fut aussi le mobile d’une foule de voyageurs plus ou moins éclairés, mais dans un champ aussi vaste, le moindre travail offrit un résultat utile.

Les académiciens français et espagnols dirigèrent leurs recherches sur les contrées équatoriales, ou ils mesurèrent un arc du méridien. Azara, Ovaglie, Molina, Havestad, Miers et