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EXCURSIONS DANS LE VENEZUELA.

parfume le bouquet avec des eaux odoriférantes ; la rose du Pérou même a besoin de cette ressource de l’art. On offre toujours une fleur à une personne en visite dans une maison, et il est rare au Chili qu’on manque à cette marque d’attention. Le vaso de mistura est la manière favorite de jouir des essences des fleurs, mêlées aux parfums artificiels. Les femmes s’occupent à les préparer après la siesta : elles enlèvent, des bouquets de leurs esclaves ou de leurs cortejos, les pétales des fleurs d’oranger, de citronnier, de jasmin, de grenadier, des roses, etc. ; elles jettent à pleines mains ce mélange de fleurs dans un grand vase, et arrosent chaque couche avec une essence différente, des rapures de bois de sandal, des clous de girofle, etc. Cette mistura est toujours placée auprès d’elles, afin de pouvoir, quand elles le désirent, en jeter dans la chambre, ou de leurs virandas en répandre sur leurs connaissances qui passent dans la rue. »

La mantilla des Limeñas est un grand manteau de soie noire, ayant un large bord de dentelle de même couleur, qui couvre la tête, le cou, les bras et toute la figure, excepté un œil. C’est un déguisement si complet, qu’un mari a peine à reconnaître sa femme, surtout si, pour garder un plus strict incognito, elle met une des vieilles sayas de ses esclaves. Néanmoins, malgré leur désir de rester inconnues, rarement elles peuvent s’empêcher de montrer comme par hasard une bague de diamans, ou quelque autre bagatelle, comme une preuve non équivoque de leur rang dans la société. Les dames de Lima, comme toutes celles de l’Amérique du Sud, sont remarquables par la petitesse de leurs pieds. Les Quiteñas, ou habitantes de Quito, portent des souliers beaucoup trop grands pour leurs pieds, et les remplissent de laine ou de coton, pour ressembler aux Européennes, car elles regardent un petit pied comme la marque d’une origine indienne. »

La guerre finit sur les côtes de l’Océan Pacifique par la prise de quelques bâtimens de guerre espagnols qui avaient doublé le cap Horn, l’Independencia fut vendue ; notre officier, qui la montait, revint à Callao, et eut occasion de remarquer pendant le trajet un phénomène assez curieux dont avaient déjà parlé quelques voyageurs.