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S’élançant de nouveau vers les pays sauvages, au mois d’août 1828, il se rendit à travers un désert dans les états de Nâno, puis dans ceux de Bihé, au-delà du Rio Cubango, au nord-est des peuples Moganguêlas ; ce fut le terme le plus méridional de sa course : il était alors à plus de cent cinquante lieues dans l’est de Benguêla, et par une latitude de 13°37’ sud. De là il chemina au nord pour arriver dans les états de Cunhinga, dont le nom seul était connu des Portugais, Traversant ensuite, à plus de cent quatre-vingts lieues en ligne droite de son embouchure, le fleuve Couenza, dont il apprit que la source était à une trentaine de journées de là vers le sud-est, il entra sur le territoire de Dala-Quiçua ; et dirigeant d’avance deux cent quatre-vingts nègres de sa suite vers le pays de Cassange, il revint lui-même vers l’ouest, par Libolo et Quissama, faire une nouvelle pause à Loanda.

Ce n’étaient là que des préludes à un plus grand voyage ; il repartit au mois de février 1829 : des provisions, des marchandises, des interprètes et des pombeiros avaient été dirigés sur Ambriz, où il se rendit lui-même. Prenant sa route à l’est à travers les peuples Muchicongos, les états de Holoho et de Ginga, il passa encore sur les terres de Dala-Quiçua, et tournant au nord il vint retrouver ses nègres chez le jaga de Cassange. Il espérait obtenir de ce souverain les moyens de passer le Couango ou Zaïre, mais il éprouva un refus formel ; un avis officieux lui fit prendre alors le parti d’aller, à quatorze journées plus haut, dans les états de Baka, tenter d’obtenir le passage à force de présens ; sauf, en cas de refus, à remonter encore vingt-deux journées, jusqu’à Houndé, où le fleuve serait guéable. Baka se laissa gagner, et notre voyageur traversa le Zaïre à plus de trois cents lieues au-dessus du point qu’avait pu atteindre l’infortuné Tuckey.

Laissant à l’ouest les Muchingis, il s’avança dans les états de Humé, qui s’étendent loin au sud-est, et il alla explorer le grand lac Kouffoua ou mer Morte, qui comme l’Asphaltide de Judée, est le produit évident d’une catastrophe volcanique, et se trouve entouré de roches bitumineuses distillant le naphte et