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il prit alors par les terres de Holoho, des Mossossos, de Loanda, de Bamba et des Muchicongos, pour regagner Ambriz. Là il profita du départ d’un négrier pour aller refaire en Amérique sa santé délabrée.

En portant une vue d’ensemble sur les traits principaux du sol que notre voyageur a parcouru, on remarque une ascension progressive par terrasses, depuis la côte jusqu’à un faîte central dirigé nord-nord-ouest et sud-sud-est, traçant le partage des eaux entre les bassins de l’Atlantique et de l’Océan indien, et s’élevant lui-même graduellement à mesure qu’il se prolonge au midi, jusqu’à un nœud principal au pied duquel prend naissance le Zaïre. À cent cinquante lieues seulement des côtes, les plateaux intermédiaires étagés dans cette direction atteignent onze cents toises de hauteur absolue, tandis qu’on ne mesure la même hauteur sur les combes plus boréales qu’à plus de trois cent cinquante lieues du littoral : ici l’étage supérieur n’arrive qu’à treize cents toises ; et le mont Zambi, qui semble terminer comme un cap immense cette épine dorsale du plus compacte des continens terrestres, s’élance à onze cents toises encore au-dessus de la terrasse circonférente. Suivant la règle commune, de la crête principale descendent vers la mer des chaînons transversaux plus ou moins hérissés de pics ou de dômes culminans, qui dans leur correspondance mutuelle en lignes collatérales au faîte, tracent les gigantesques parapets des terrasses successives, sans embarrasser le cours des fleuves qui s’échappent par leurs vastes interstices.

La chaude température du littoral décroît à mesure que l’on monte les gradins de cet amphithéâtre ; sous l’équateur même, le thermomètre de Réaumur n’atteint, à midi, que 24° dans la saison la plus chaude de l’année ; et le voyageur eut froid sur le sommet du Zambi, à quelques milles seulement au sud de la ligne. Aussi la fraîche végétation des zones tempérées décore-t-elle les plateaux supérieurs, pendant que les premiers étages offrent les riches productions intertropicales.

Les hommes qui peuplent ces contrées sont en général fort laids, et cette laideur est surtout remarquable chez les Muchi-