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quatre pièces d’étoffe à l’homme qui lui apporte la peau d’un de ces animaux. Celui qui en tue huit est ennobli.

Naturellement ces nègres vénèrent beaucoup le dieu de la chasse ; ils lui sacrifient toutes les semaines quelques quadrupèdes ou au moins un oiseau. Ils croient à la métempsycose et à la fatalité. Ils mangent peu et boivent beaucoup. Ils ont un grand respect pour leur chef, et lui désobéissent rarement. Du reste, ils sont très irascibles et très vindicatifs ; ce sont des brigands fieffés, qui saisissent toutes les occasions d’aller piller sur les terres de leurs voisins, qui attendent sur les routes les marchands d’esclaves pour les dépouiller.

Les nègres de Nano reconnaissent qu’il y a un dieu qui a fait le ciel et la terre, et qui crée tous les jours les enfans venant au monde, mais ils font peu de cas de lui, parce qu’il ne préside ni à la conservation, ni à la destruction des choses, qu’ils ne l’entendent jamais parler, et que de plus il paraît ne pas s’occuper d’eux. Ils respectent et vénèrent au contraire beaucoup leurs idoles qui tous les jours rendent des oracles, répondent quand on les consulte, et prédisent les maux futurs.

Gangazumba est le fétiche que ce peuple honore le plus. On le représente sous la forme d’un vieillard dans l’acte de copulation avec un jeune garçon. Le prêtre de ce dieu est un homme âgé, qui ne peut avoir de femmes, et qui vit avec un adolescent. Il rend des oracles. Le temple est petit, et ordinairement à côté de celui de Quibuco, dieu de la chasse, qui est vaste et orné. Une jeune fille qui dessert ce dernier est l’organe des décisions du dieu, qui est aussi très vénéré. Comme les prédictions des prêtres et des prêtresses sont quelquefois confirmées par l’évènement, le peuple y a une confiance si grande, qu’il croit que son bonheur dépend entièrement de sa stricte et rigoureuse obéissance aux oracles.

Il y a d’un côté de la porte d’entrée de chaque maison une petite chapelle, nommée la maison des maladies ; on y place les images des dieux qui en préservent, et de petits vases avec les médicamens employés pour guérir les malades. De l’autre côté, on fait également une petite chapelle en paille, supportée sur