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VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

de ces contrées ; l’autre est à Cassange. L’homme qui vient vendre des esclaves, doit s’adresser d’abord au soba pour obtenir la permission de trafiquer. Ensuite il va au marché, qui est situé en dehors de la banza, et consiste en une centaine au moins de maisons éparses à diverses distances de la palissade d’enceinte de la capitale. Ces maisons ont été bâties par les mulâtres qui viennent au Bihé faire la traite pour le compte des négocians portugais. Chacune est entourée de magasins pour recevoir les marchandises, de cabanes pour loger les esclaves, d’un jardin où des plantes potagères sont cultivées, et d’une cour où les affaires se terminent. La réunion des bâtimens et des dépendances de chaque maison porte le nom de pombo. Le prix commun du plus bel esclave est de 80 pannos, équivalant à-peu-près à 80 francs. Le panno est une mesure de longueur, qui correspond à trente pouces français ; elle varie suivant les lieux. La valeur de l’esclave au Bihé est exprimée par 80 pannos de toile de coton ; mais le paiement ne s’effectue pas seulement avec cette sorte de marchandise. L’acheteur forme un assortiment dans lequel entre ordinairement un fusil pour 10 pannos, un flacon de poudre pour 6, du tafia pour 10 à 15, suivant la volonté de l’acheteur ; de la bayette, espèce de drap léger, pour 16 ; enfin, de la toile de coton pour le reste. Toujours le vendeur reçoit en cadeau de l’acheteur une quantité d’aiguilles et de fil proportionnée au nombre des esclaves qu’il livre. Un ami de ce dernier, qui sert d’entremetteur pour conclure le marché, a pour sa peine un bonnet de laine rouge. Quelquefois du gros plomb, des couteaux, de la verroterie, plusieurs feuilles de papier, un gilet ou une casaque de bayette entrent dans le marché pour un certain nombre de pannos, qui alors sont déduits de la quantité de bayette ou de toile de coton. Cette toile est blanche, bleue, rayée, ou à carreaux de différentes couleurs. Sa largeur est de trente-six pouces ; elle vient d’Angleterre, où on la fabrique exprès, d’après un modèle que l’on suit avec une exactitude rigoureuse, car le nègre qui examine chaque pièce séparément et très attentivement, rejetterait celle qui présenterait une ligne de différence dans la laisse. Il porte toujours avec lui une mesure