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banza et s’efforcent d’y pénétrer par la force des armes. Ces nègres combattent avec courage et ne quittent le champ de bataille qu’à la dernière extrémité. Lorsqu’ils le peuvent, ils choisissent une plaine pour livrer bataille, se forment en bataillons carrés et tirent sur l’ennemi, dont ils essuient le feu avec un sang-froid imperturbable. Ils manient le fusil avec une adresse remarquable et le chargent avec plus de promptitude que les Européens. Ils manœuvrent avec assez d’habileté, et j’avais pensé que, pour ces évolutions, ils avaient été instruits par des Européens ou des soldats déserteurs des possessions portugaises. Cette conjecture me fut confirmée ensuite par les renseignemens que j’obtins.

Les Bihens passent ordinairement plus de six mois de l’année à la guerre. Chez eux, ils vont tous les jours à la chasse. Le milieu de la journée est employé à boire avec des amis. Assis à l’ombre, ils se content les histoires et les faits les plus remarquables de leurs guerres passées. Les femmes prennent aussi part à ces copieuses libations. Les Bihens sont fort superstitieux. Le dieu Hendé (Amour) est l’objet de leur vénération particulière. Son temple est toujours placé à côté de celui du dieu de la chasse, mais il est plus grand. Un jeune garçon et une jeune fille le desservent. L’homme qui pense à prendre une femme va le consulter ; la jeune fille qui veut un mari lui fait des présens, et le supplie de la rendre féconde. Si le dieu agrée son hommage, il le déclare par la bouche de son prêtre, ou de sa prêtresse, si c’est un homme qui souhaite que son amie lui donne des enfans. La jeune fille qui vient implorer le dieu entre seule dans le temple. Elle se couche dans le lit de la fécondité. C’est là que le prêtre lui fait toutes les frictions usitées. Après quelques heures passées dans ce lieu, elle rejoint son amant, qui l’attend à la porte du temple, et qui la reçoit avec des transports de joie. Il entre ensuite, si c’est la première femme qu’il prend, dans la partie du temple où se tient la prêtresse, pour recevoir d’elle les instructions nécessaires pour rendre sa femme heureuse. Quand il a rejoint celle-ci, il entre avec elle dans le temple au son de la musique ;