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VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

Je les chargeai de nouveaux présens pour lui, en leur déclarant que je venais en ami, et que je lui demandais sa protection durant mon séjour dans ses états, afin d’éviter le renouvellement des scènes violentes dont j’ai parlé. Je leur contai l’histoire du combat que nous avions soutenu. J’ajoutai que je continuerais à m’avancer vers la banza, et que je m’arrêterais avant d’arriver, parce que j’avais la certitude que leur chef ne refuserait pas de voir un ami qui lui apportait des cadeaux. Ils partirent après avoir bu une bouteille de tafia, et le lendemain je les rencontrai assez près de la banza. Ils venaient m’annoncer que leur chef me permettait de parcourir ses états, et m’assurèrent de sa protection.

C’était bien ce que je désirais, mais je n’en restai pas moins sur mes gardes. Je savais combien je devais craindre un soba puissant dont la cupidité était excitée par la vue de richesses qui lui semblaient immenses, parce qu’il ne possède rien. J’établis mon camp près de la ville, refusant les maisons que le soba m’avait fait préparer, car elles étaient si bien fortifiées, qu’elles ressemblaient à des citadelles dans lesquelles j’aurais été comme prisonnier.

Ce puissant chef, aussi curieux de me voir que de recevoir des présens, ne tarda pas à venir me faire visite. Il jugea qu’il pouvait mettre le cérémonial de côté pour arriver tout de suite au but qu’il se proposait. Comme je savais que ces sobas ne se font aucun scrupule d’emporter ce qui leur convient, je le reçus à l’entrée de ma tente, sous une autre dressée pour l’occasion afin de me garantir des rayons du soleil. Ce monarque noir me parut bouffi d’orgueil et infatué de sa petite puissance. Je lui remis les prisonniers que j’avais amenés. Il approuva ma conduite lorsque je lui eus rapporté comment ils étaient tombés en mon pouvoir ; il les déclara esclaves, et les confia aussitôt à la garde de quelques-uns des nobles qui l’entouraient. Je lui fis des présens, il en parut assez content ; cependant il promenait des regards d’envie sur les marchandises qu’il apercevait dans mon camp, et en sortant, il eut l’air de ne s’éloigner qu’à regret. Peu de temps après, il m’envoya du bétail et du oualo et