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REVUE DES DEUX MONDES.

18 février (nouvelle date), et nous voulions arriver à temps, pour voir les solennités religieuses, qui, à Maimatschin et dans toute la Mongolie, marquent les premiers jours de l’année. — Près de Selenginsk nous vîmes et nous pûmes observer d’assez près des Burates. (Les Russes de ce pays les appellent Brazkes). Ils habitaient deux tentes de feutre, semblables pour la forme à celles des Samoïèdes ; seulement le cône en était plus arrondi. Le feutre qui les recouvrait était double comme les peaux de rennes employées chez les Samoïèdes pour le même usage. Le feu était au milieu, dans un trou fait en terre, selon la coutume des populations nomades. Ces deux tentes appartenaient à une seule famille. Tout autour, pour empêcher les chevaux de s’écarter et les avoir sans cesse sous la main, on avait planté des piquets de bois, qui formaient une enceinte. Quant aux bestiaux, ils errent presque tous en liberté ; les vaches, les brebis, les chevaux et les chameaux, qui sont d’une grande utilité pour les Burates de Selenginsk, paissent ensemble dans les steppes, et en hiver, leur seule nourriture est la laîche sèche. — La physionomie des Burates ressemble beaucoup à celle des Calmouks ; ils ont les joues saillantes, les yeux relevés à la chinoise, des cheveux noirs comme du jais, et de très belles dents. Toutes les femmes entourent leur front d’un bandeau richement orné de grains de malachite, de corail et de nacre, et les filles portent de plus dans leurs tresses des rubans dont la broderie est encore de nacre et de corail. Les hommes se rasent la partie supérieure de la tête, et rassemblent le reste de leurs cheveux en une longue tresse. Il n’y a ici que les lamas qui se rasent entièrement la tête. Au fond de la tente, on voit une espèce d’autel en bois, d’un travail très élégant, comme sont toujours les meubles des Burates ; cet autel est un coffre à tiroirs, où sont conservées, entre autres choses, des images sacrées ; l’une d’elles, représentant un saint ou burchor, est exposée sur la partie supérieure du coffre. Celle que nous vîmes ainsi suspendue dans la tente que nous visitions, représentait Tschigemune, le dieu principal des Mongols. Six petites coupes en laiton, toutes pleines d’eau, sont placées devant l’image, et à côté se trouvent quel-