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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/577

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REVUE DES DEUX MONDES.

afin que la paix et l’union subsistassent, et il n’y eût pas de soulèvement. On était obligé d’obéir à la majesté impériale, comme à la plus haute autorité ; on devait soigneusement éviter de faire le scandale dans le monde ; par conséquent je devais me rétracter : — Je veux de tout mon cœur, répondis-je, au nom de la charité obéir et tout faire, en ce qui n’est point contre la foi et l’honneur du Christ.

Alors le chancelier de Trèves me dit : Martin, tu es désobéissant à la majesté impériale ; c’est pourquoi il t’est permis de partir, sous le sauf-conduit qui t’a été donné. Je répondis : Il s’est fait comme il a plu au Seigneur. Et vous, à votre tour, considérez où vous restez. Ainsi je partis dans ma simplicité, sans remarquer ni comprendre toutes leurs finesses.

Ensuite ils exécutèrent le cruel édit du ban, qui donnait à chacun occasion de se venger de ses ennemis sous prétexte et apparence d’hérésie luthérienne, et cependant il a bien fallu à la fin que les tyrans révoquassent ce qu’ils avaient fait.

C’est ainsi qu’il m’advint à Worms, où je n’avais pourtant d’autre soutien que le Saint-Esprit.


michelet.