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vient bientôt le taureau brûlant de Phalaris, qui réduisit en centre son père et son adorateur.


Le tournesol dit au jour :

— Apollon brille, et je m’épanouis à ses rayons ; il s’élance dans sa carrière au-dessus du monde, et je le suis.

La violette dit à la nuit :

— Je suis humble et cachée, je fleuris dans une courte nuit ; quelquefois la sœur de Phoebus m’éclaire, de sa douce lumière, c’est alors que l’on m’aperçoit et me cueille. Je meurs sur le sein de la beauté.


L’homme est plein d’attentes et d’espérances trompeuses ; elles dévorent son intelligence comme ces vers qui s’attachent aux intestins. Chacun d’eux en engendre un plus grand en quelques minutes, et ainsi de suite. — Chaque jour l’homme se trace une nouvelle carte de sa félicité à venir, et c’est d’après elle que les corps terrestres et célestes doivent se mouvoir.


S’il est vrai que celui-là seul qui aime bien est capable de bien haïr, la plupart des femmes commencent l’un de si bonne heure, qu’il leur reste encore assez de temps pour l’autre.


Rien de plus doux que le cœur d’une jeune fille et le beurre frais, seulement tous deux s’aigrissent en vieillissant et prennent de l’amertume. — Les jeunes filles sont comme les fleurs, les vieilles femmes comme les fruits. Les premières se touchent sans se flétrir ; les dernières se communiquent la pourriture par leur rapprochement.


Les vieux émigrés ressemblent à une montre à répétition restée pendant plusieurs lustres sans avoir été montée. De toutes