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AVENTURES D’UN VOYAGEUR.

Heart. Il existait déjà trois établissemens de ce genre dans le pays, l’un situé à peu de distance, et qui appartenait également à la Compagnie du nord-ouest ; le second, à deux cent quarante milles de celui-ci, dans le nord-est, au pied des Montagnes Rocheuses, et le troisième, à deux cents milles au milieu d’une tribu d’Indiens. Les castors, les chevreuils, les chèvres sauvages et même les bisons se trouvent en abondance dans le voisinage.

Les Indiens Spokans forment une tribu tranquille, honnête et inoffensive, et, quoique les habitations des négocians fussent fortifiées, il était rare qu’ils fermassent leurs portes pendant la nuit. La grande ambition de ces Indiens était de se procurer un fusil, et on ne leur en accordait qu’en échange de vingt peaux de castors. Un de ces fusils coûtait aux négocians 35 fr. environ, et la valeur de vingt peaux de castors est de 625 fr. Deux aunes de drap, qui pouvaient coûter environ 20 fr., rapportaient six ou huit castors, ou de 200 à 250 fr. Tout le reste était en proportion ; mais, de part et d’autre, on était content. Une partie des marchandises que les Spokans obtiennent des blancs, en échange de leurs fourrures, leur sert à acheter des Indiens Nez-percés des chevaux qui sont leur principale richesse. Ces Spokans sont très adonnés au jeu, et ils s’y livrent avec tant de fureur, qu’ils y perdent souvent tous leurs chevaux.

Après avoir passé un hiver parmi les Spokans, les chefs des différens établissemens se rendirent à celui de M. Cox, chargés de pelleteries et de fourrures superbes, et le 25 mai, tout le monde se mit en marche pour retourner à Astoria, avec le produit des chasses de l’hiver. Pendant le voyage, plusieurs objets d’argenterie disparurent, et peu de temps après, quelques paquets furent également enlevés. M. Clarke, qui commandait l’expédition, assembla immédiatement les principaux Indiens, et déclara que, si les objets volés étaient restitués à l’instant même, il pardonnerait au voleur ; mais que, dans le cas contraire, le coupable serait pendu, s’il était découvert. La nuit suivante, on vit un homme, chargé d’un énorme paquet, sortir furtivement d’une tente. On le suivit, et, au moment où il sautait dans un canot, on l’arrêta. Tous les objets perdus furent retrou-