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vés dans le canot et sur lui. Une potence fut dressée, et, après un discours de M. Clarke aux Indiens, pour leur prouver la justice de l’acte qui allait se consommer, le voleur fut pendu, non sans opposer une vive résistance, et pousser des cris déchirans, bien différent en cela des autres sauvages qui font preuve de tant d’indifférence à l’approche de la mort.

Le 27 juin, les voyageurs arrivèrent à Astoria, où ils apprirent que la guerre avait éclaté entre l’Angleterre et l’Amérique. Ce fut une triste nouvelle pour nos négocians. Néanmoins, après plusieurs arrangemens avec l’Hudson Bay Company, M. Cox et d’autres, au nombre de vingt-cinq, repartirent d’Astoria, le 29 octobre, pour l’intérieur, avec de nouvelles marchandises. Ils rencontrèrent les Indiens en arrivant au premier rapide. Il fut passé sans agression de leur part ; mais on en était à peine au tiers du second portage, qu’un homme de la troupe accourut leur annoncer que lui et son compagnon avaient été attaqués par un nombre considérable d’Indiens qui lui avaient volé deux balles de marchandises. En arrivant à la moitié du portage, où était situé le village, le sentier fut trouvé gardé par cinquante à soixante Indiens, couverts de leur chemise de guerre, armés de pied en cap, et paraissant déterminés à disputer le passage.

« Au moment où ils nous virent approcher, dit M. Cox, ils placèrent leurs flèches sur leurs arcs, les dirigèrent sur nous, et se mirent en même temps à sauter comme des kangaroos, à droite, à gauche, en avant, en arrière, de manière à rendre presque impossible de les viser juste. Dans notre surprise, nous n’avions pas eu le temps de nous couvrir de nos armures de cuir, qui étaient à l’épreuve des flèches, et, à la vue des démonstrations hostiles des sauvages, plusieurs de nos hommes déclarèrent qu’ils n’avanceraient pas d’un pas. Cependant une harangue chaleureuse de M. Stuart les décida à combattre ; mais auparavant il s’adressa aux Indiens, leur dit qu’il ne désirait pas d’en venir aux mains, mais que, si les objets volés n’étaient pas restitués, les hommes blancs détruiraient leur village, et prendraient tous leurs biens. Ils feignirent de ne pas comprendre ; car ils continuèrent de gambader pendant et après cette allocution. Ils ne proféraient