Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/718

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
712
REVUE DES DEUX MONDES.

de Rémusat l’orientaliste, l’un de nos collaborateurs, sa mort est une nouvelle et bien sensible perte pour la science. Une autre fois, nous tâcherons, dans un article étendu, de faire ressortir les beaux travaux de M. Rémusat sur l’Orient.

M. Bergasse, laisse également un nom qui ne périra pas sans doute, grâce surtout aux sarcasmes indélébiles dont l’a stigmatisé Beaumarchais.

M. Colnet mérite bien aussi une mention de notre part. C’était un écrivain poli, décent et mesuré, le moqueur le plus inoffensif qui se pût trouver. Ses articles avaient été, dit-on, jadis fort spirituels et fort amusans. Beaucoup de gens de notre époque, sur la foi de cette tradition, se réjouissaient encore singulièrement en les lisant. Quant à nous, confessons-le, nous n’avons pas souvenance qu’ils nous aient jamais beaucoup divertis. Il est vrai que de temps immémorial, M. Colnet remplissait inévitablement chaque lundi, trois colonnes de la Gazette. Quel esprit, si robuste qu’il soit, ne s’userait à ce métier ? Et puis M. Colnet avait fait aussi de la poésie. Son Art de dîner en ville avait un moment menacé de détrôner la gloire didactique de la Gastronomie de M. Berchoux. Quoi qu’il en soit, de poète retombé journaliste, M. Colnet est mort les armes à la main, en faisant un article. M. Genoude trouvera difficilement un rédacteur plus exact et plus laborieux, les faiseurs de livres n’auront jamais affaire à un critique plus indulgent et de meilleur ton.

Disons maintenant quelques mots des élections académiques qui se sont faites dernièrement, ou qui se préparent.

À l’Académie des Beaux-Arts, plusieurs peintres uniquement recommandés par leur talent et par leurs œuvres, entre autres MM. Schnetz et Delaroche, se présentaient comme candidats à la place laissée vacante par M. Lethière ; M. Blondel a été nommé.

À l’Académie française rien n’est encore décidé. Seulement deux nouveaux prétendans, MM. Dupin et Guizot, se sont mis, dit-on, sur les rangs. M. Dupin, reconnaissons-le d’abord, est un éloquent avocat. Mais à quoi bon des avocats à l’Académie ?