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avec Baudouin ii[1], une très grande part à tout ce que faisait le gouvernement impérial.

Dans la plupart des manuscrits et des éditions imprimées du voyage de Marco Polo, il y a quelques différences de dates sur l’année où les deux premiers voyageurs, Marco et Maffio, arrivèrent à Constantinople. Mais la confrontation de ces livres donne lieu de croire que les voyageurs ne s’y trouvèrent pas plus tard qu’en 1254 ou 1255.

Après avoir vendu les marchandises qu’ils avaient apportées d’Italie, ils avisèrent au moyen de faire valoir leurs capitaux. Ayant entendu parler d’objets précieux à vendre parmi les Tartares occidentaux, ils résolurent d’aller au milieu de ces peuples. Ceux ci, après avoir ravagé plusieurs provinces de l’Asie et de l’Europe, s’étaient établis sur les bords du Wolga, avaient bâti des villes et y vivaient sous une espèce de gouvernement régulier.

Lorsqu’ils eurent fait des achats considérables de joyaux précieux, ils traversèrent la mer Noire, abordèrent en Crimée ; puis, continuant leur voyage par terre et par eau, ils arrivèrent enfin à la cour ou au camp de Barkah, frère ou fils de Batu, petit-fils de Tchingkis-Kan, qui faisait sa résidence tantôt à Saraï et tantôt à Bolghar, noms bien connus des géographes du moyen-âge.

Les voyageurs eurent à se louer de la bonne réception que leur fit ce prince, auquel ils offrirent tout ce qu’ils possédaient de précieux. Barkah accepta leur don, mais leur remit une somme double en valeur et y joignit encore des présens. Marco et Maffio restèrent un an environ dans ce pays.

Bientôt un différend s’éleva entre Barkah et Hulagu, son cousin, chef d’une horde voisine. Une guerre s’ensuivit, et Barkah ayant été vaincu, nos voyageurs dont le dessein était de retourner à Constantinople, sachant que toutes les routes étaient interceptées par les troupes victorieuses, furent contraints de

  1. Baudouin ii, comte de Flandres et cousin de saint Louis, fut le dernier des empereurs latins de Constantinople. Son règne commença en 1237, et il fut renversé de ce trône par l’empereur grec Michel Palœologue, en 1261.