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STATUE DE LA REINE NANTECHILD.

avec ses adorations semi-païennes, brisent, à la fin du quinzième siècle, le dernier nœud de ces associations héritières des communautés religieuses. On ne sent plus que le besoin de petites compagnies vaniteuses et honorifiques, sans hiérarchie, sans traditions, sans croyances ; une troisième époque est arrivée, l’ère des académies. Cette nouvelle période, ouverte avec éclat sous François Ier, se ravive un moment sous Louis xiv, qui lui communique quelque chose de sa lourde majesté, puis se traîne en s’affaiblissant jusqu’à la grande émancipation de 89. Alors avec David commence l’ère où nous sommes, l’ère de l’art individuel. Dans cette période, il n’y a plus ni unité, ni tradition, ni centre ; il y a de certains maîtres, de certaines écoles. L’empire sur l’imagination se prend et se perd. En un quart de siècle, nous avons vu régner David, Canova, Chateaubriand, Goethe, Byron, Walter Scott, Rossini, Beethowen. L’étoile de Victor Hugo est haute à l’horizon : ce soir, peut-être, va poindre l’astre inconnu qui doit la remplacer. La gloire à cette heure est à peine viagère ; le sceptre passe de main en main ; c’est une sorte de présidence républicaine. Sous un tel régime, il y a encore des arts et des artistes ; mais si l’art est quelque chose de suivi, de consistant, qui ait un but, qui forme un système et une marche d’ensemble, il n’y a plus d’art.

Ces divisions que nous venons d’indiquer ne sont pas, comme on pourrait croire, chimériques et arbitraires ; elles sont exactes, réelles, et résultent de l’examen consciencieux des faits ; nous allons les reprendre une à une et les justifier par quelques preuves.


ÉPOQUE HIÉRATIQUE.

Quand le christianisme se trouva maître des Gaules, le clergé, comme il avait fait dans les autres provinces de l’empire, se logea dans les édifices publics, et, à leur défaut, s’empara des temples qu’il adapta, du mieux qu’il put, à cette nouvelle destination. On voit dans ces premiers temps Listoire, évêque de