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phe, ou s’il en parle seulement d’après le rapport de ceux qui avaient fait partie de cette expédition.

Quoi qu’il en soit, les trois circonstances des voyages de Marco Polo, qui firent impression en Europe lorsqu’il en publia la relation, furent les richesses immenses du grand Kan que l’on regardait comme disposé à se faire chrétien, l’existence du royaume de Cathay où l’or, les perles et toute espèce de richesses étaient en grande abondance, et enfin l’idée d’une grande île, celle de Zipangu (Japon), qui était située à l’extrémité orientale de l’Inde.

Marco Polo profita de ces différentes missions pour observer les mœurs, les usages des habitans, ainsi que les localités et les richesses des différens pays où il se trouvait. Il faisait des notes de toutes les choses remarquables, dans l’intention de satisfaire sur cet important sujet, l’extrême curiosité du grand Kan Kublaï. C’est à ces notes qu’il fit pour accomplir un devoir, que nous devons la relation de ses voyages dont il eut plus tard l’idée de donner connaissance à l’Europe. Au surplus, ce fut cette attention pour son maître qui augmenta la confiance que ce dernier avait en lui, et c’est après avoir présenté ce résultat de ses observations que Kublaï lui confia, pendant trois ans, la place de gouverneur d’un district.

Selon toute apparence, le père et l’oncle de Marco Polo conservèrent aussi la faveur du grand Kan, car peu après l’époque de leur arrivée chez ce prince, ils eurent l’occasion de lui rendre un service signalé. Le prince tartare faisait le siége d’une ville très importante de la Chine, Siang-yang-fu, qui résistait depuis trois ans à ses attaques. Nos deux Vénitiens firent connaître à Kublaï l’usage des catapultes au moyen desquels ils lancèrent tant de pierres dans la ville que les habitans se rendirent.

Il y avait dix-sept ans que nos voyageurs étaient dans ce pays, et jouissaient des plus brillans avantages à la cour du grand Kan, lorsqu’ils éprouvèrent le désir si naturel de revoir leur patrie. L’âge avancé et l’avenir tant soit peu incertain de leur protecteur leur firent faire des réflexions sérieuses sur leur propre sort : craignant que ce prince ne vînt à mourir, ce