Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
SIGURD.

FAFNIR.

Regin m’a trahi ; il te trahira à ton tour, il causera notre mort à tous deux. Je sens qu’à cette heure Fafnir devait finir sa vie ; ta force l’emporte.


Regin, qui s’était tenu éloigné pendant le combat, s’approche alors, il ouvre le sein de son frère Fafnir, en tire son cœur et boit le sang de sa blessure.

Sigurd prend le cœur du monstre et le fait rôtir. Pendant cette opération, il porte par hasard son doigt à sa bouche ; dès que le sang du dragon eut touché sa bouche, il comprit le langage des oiseaux. Il entendit alors des hirondelles chanter dans les rameaux ; elles s’entretenaient de la perfidie du nain prêt à attenter aux jours de Sigurd, et conseillaient à celui-ci de se débarrasser de cet ennemi. Sigurd profita du conseil, il coupa la tête de Regin, mangea le cœur de Fafnir, et but le sang des deux frères. Alors il entendit encore le chant des hirondelles ; elles parlaient d’une jeune vierge, au pays des Franks, endormie au sommet d’une montagne, dans un palais étincelant qu’environnait un rempart de flamme ; Sigurd s’empare des trésors du monstre, en charge son cheval Grani, et se met en route pour aller chercher la merveilleuse jeune fille.

Cette jeune fille est Brunhilde Valkyrie, qu’Odin a frappée d’un sommeil magique pour la punir d’avoir donné, sans sa permission, la mort à un de ses guerriers : il lui a interdit les combats et l’a condamnée au mariage ; mais elle a fait serment de n’épouser que celui qui serait capable de traverser la flamme dont son palais est entouré.

Sigurd arrive et la réveille en fendant sa cuirasse. Alors elle salue le jour, la terre et la nuit, les dieux et les déesses.

Elle lui donne ensuite des enseignemens sur les diverses sortes de runes, leur origine, leur usage, et quelques conseils ; le tout peut passer pour un petit traité de magie et de morale encadré dans le récit.

Leur entretien se termine ainsi : Sigurd dit : « Il n’y a pas d’homme plus sage que toi, et je jure que je te posséderai, car