Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
353
ITALIE. — TOSCANE. — MODÈNE. — PARME.

peu d’hommes remarquables ; car Magliabechi, Micheli et Salvini appartiennent plutôt au dix-septième siècle qu’au siècle suivant. On doit, cependant, citer Perelli, homme d’un savoir immense et géomètre du premier ordre, mais qui mourut sans laisser presqu’aucun ouvrage ; Targioni (d’une famille où la science est héréditaire), qui a écrit plusieurs ouvrages importans sur l’histoire naturelle et sur des matières d’érudition ; Soldani, prieur des Camaldules, naturaliste distingué, qui a attaché son nom à la découverte des aérolites. Mais l’homme le plus remarquable que la Toscane ait produit au dix-huitième siècle, c’est Cocchi, médecin célèbre, grand érudit, et le plus élégant écrivain de son temps.

Maintenant la Toscane se trouve dans une position plus favorable au développement des sciences et des lettres, que tous les autres états de l’Italie. Les habitans sont en général intelligens et spirituels ; l’instruction élémentaire y est assez répandue. Les journaux et les livres étrangers y arrivent avec facilité. Les établissemens scientifiques y sont nombreux, et des citoyens philanthropes ont pu y introduire, sans trop de difficultés, les méthodes de l’enseignement moderne. On trouve, dans toutes les classes de la société, une politesse et une douceur de caractère qu’on chercherait vainement ailleurs ; et si on ajoute à cela que la Toscane est la seule province italienne où la langue nationale soit populaire, on verra qu’il s’y trouve réunis tous les élémens nécessaires à un grand développement intellectuel. Mais cette même facilité de mœurs qui rend les crimes fort rares, et la cruauté presque impossible en Toscane, cet esprit léger et badin qui forme le charme de la société, ne sauraient se plier aux efforts soutenus qui seuls mènent aux grandes choses. Acquérir quelques notions faciles, obtenir une petite place, aimer à moitié une femme, pour s’endormir au sein de la beauté et non pour y puiser un principe d’énergie ; aller tous les jours aux Cascines, tous les soirs au théâtre de la Pergola, passer sa vie dans de médiocres plaisirs, fuir les grandes passions, les travaux sévères, et en général tout ce qui peut donner de la peine, voilà la vie accoutumée des Florentins. La patrie attend