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REVUE DES DEUX MONDES.

Je les ai percés de ma lance.
— Ta promesse, il faut la tenir.
Chez les Nifflungs il faut venir. —
Brunhilde balançait, incertaine, irritée.
Tel un cygne flottant sur une onde agitée.

Lui l’étreint de son bras d’acier,
Et la place d’une main forte
Sur la croupe de son coursier,
Qui d’un bond tous deux les emporte.

Or, Sigurd avait le pouvoir
De se rendre aux yeux invisible.
Quand elle eut avec lui franchi le feu terrible,
Brunhilde s’étonna de ne le plus revoir.
D’où ce prodige peut-il naître ?
Gunar, qu’elle a vu disparaître,
Gunar s’avance et vient la recevoir.
Chez les Nifflungs par Gunar emmenée,
Brunhilde suit, interdite, indignée,
Se défiant tout bas de quelque enchantement,
Mais ferme et résolue à tenir son serment.

Des noces voici la journée,
Brunhilde est morne et consternée.
Quelque chose lui dit qu’elle n’a pas l’époux
Que lui devait la destinée.
Pâle de stupeur, de courroux,
Elle voit là Sigurd qui, penché sur son glaive,
Autour de lui promène un œil errant,
Et d’un regard indifférent
Contemple près d’Hilda la noce qui s’achève.

Oh ! dans son cœur brisé quels douloureux combats !
D’un froid de mort ce cœur frissonne.
Elle ne se plaint à personne,
Et s’assied muette au repas.
Le repas commença ; quand les Scaldes chantèrent,