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s’appuient l’un sur l’autre, on peut leur promettre le triomphe et l’empire.

Il semble au surplus que jamais idées, principes ou nations n’ont pu s’asseoir sur leurs véritables bases, sans se défendre auparavant contre de rudes assauts. Si, dans votre Allemagne, si dans le Brandebourg, dans la Souabe, une partie de l’Autriche, de la Bohême, de la Hongrie, dans le pays du Hanovre, dans la Hesse, dans le Palatinat, la foi et le culte de Luther ont pris et gardé racine, les armes n’ont-elles pas servi et sauvé la liberté de conscience et l’indépendance des états ? Et votre monarchie, monsieur, à qui doit-elle sa grandeur et son établissement avantageux, non-seulement à elle-même, mais à la civilisation de l’Europe, si ce n’est à la guerre et à l’énergique industrie de la conquête ? Depuis qu’au commencement du dix-septième siècle, l’électeur Jean Sigismond eut laissé à son successeur George-Guillaume l’électorat de Brandebourg et le duché de Prusse réunis, votre patrie a trouvé ses provinces dans les indemnités de la victoire. Le grand électeur, qui a fait resplendir si clairement dans son caractère l’héroïsme germanique, n’a-t-il pas ajouté à son marquisat héréditaire une partie de la Poméranie, le Magdebourg, le Halberstaet, et Minden[1] ? Est-ce de bonne grâce que l’Autriche a laissé la Silésie entre les mains du grand Frédéric ? La guerre de sept ans a véritablement mûri la jeunesse de votre monarchie militaire.

Quand Frédéric écrivit l’histoire de la guerre de sept ans, il s’attacha à démontrer que s’il avait attaqué le premier, l’agression morale n’était pas moins partie de la maison d’Autriche qui avait ameuté contre lui toute l’Europe, et se proposait de le pousser à commettre les premières hostilités. Le conquérant de la Silésie se leva le premier pour établir la guerre chez des voisins dont l’inimitié lui était connue ; dans son histoire, il s’en explique avec ce mâle bon sens qui jette sur les choses l’évidence et la clarté. « Quant à ce nom si terrible d’agresseur, c’était un vain épouvantail, qui ne pouvait en imposer qu’à des

  1. Mémoires du Brandebourg, par Frédéric.