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REVUE DES DEUX MONDES.

Comme la lune pleine, en une froide nuit,
Efface l’éclat des étoiles.

BRUNHILDE.

Sigurd est vaillant, j’en conviens,
De ses hauts faits je me souviens.

HILDA.

Sigurd tua Fafnir.

BRUNHILDE.

Sigurd tua Fafnir. Gunar franchit la flamme.

HILDA.

Ce ne fut point Gunar ; sous ses traits déguisé,
Sigurd lui seul franchit le rempart embrasé.

BRUNHILDE.

Voilà ce que toujours a soupçonné mon âme ;
D’un lâche ainsi je suis la femme.
Tu possèdes Sigurd, qui m’était destiné,
À ton époux le mien cède en vaillance,
C’est un malheur qui veut vengeance
Et ne sera point pardonné.

HILDA.

Tu ne mérites pas l’époux qu’on t’a donné,
Toi qui, reine déshonorée,
Aux bras de Sigurd t’es livrée.

BRUNHILDE.

Hilda !

HILDA.

Hilda ! J’en ai la preuve ici.
C’est ton anneau ; regarde à mon doigt, le voici.

Brunhilde alors se tut et devint pâle,
Puis retourna lentement vers sa salle,
Et là, dans l’ombre s’enfermant,
Elle en clôt avec soin la porte,
Et sur son lit se jette comme morte.