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LITTÉRATURE DANOISE.


LE BAILLI.

50 écus par an.

JEPPE.

50 écus ! — Tu seras pendu tout-à-l’heure.

LE BAILLI.

Seigneur, ce ne peut être moins pour une année d’un service pénible.

JEPPE.

C’est justement pour cela que tu seras pendu : c’est parce que tu n’as que 50 écus d’appointemens. Comment ! tu as un habit à boutons d’argent, des manchettes plissées aux mains, une bourse de soie pour tes cheveux, et tu ne gagnes que 50 écus par an ! N’es-tu pas obligé de me voler, moi, pauvre homme ! — Sans cela, d’où cet argent te viendrait-il ?

LE BAILLI.

Ah ! gracieux seigneur, épargnez-moi pour l’amour de ma pauvre femme et de mes enfans en bas âge !

JEPPE.

As-tu beaucoup d’enfans ?

LE BAILLI.

J’en ai sept tous en vie, votre grâce.

JEPPE.

Ah ! ah ! sept enfans tous en vie : allons, secrétaire, pendez-moi cet homme-là.

LE SECRÉTAIRE.

Ah ! gracieux seigneur, je ne suis pas un bourreau.

JEPPE.

Ce que tu n’es pas, tu peux le devenir, tu m’as l’air d’un homme propre à tout. Quand tu l’auras pendu, je te pendrai à ton tour.

LE BAILLI.

Ah ! gracieux seigneur, n’est-il pas de pardon ?