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ROMANS DE LA TABLE RONDE.

Bretagne par trois différens peuples qui s’y sont maintenus. Dans une autre triade, il s’agit de trois autres peuples envahisseurs de l’île, mais n’y étant pas restés. Il y a une triade pour les trois plus anciens noms de la Grande-Bretagne. Il y en a une autre où il est fait mention des trois plus anciens législateurs des Bretons, et ainsi de suite, tant pour les événemens que pour les personnes.

Les recueils de ces triades sont assez nombreux et varient beaucoup pour le nombre et pour la rédaction. Les triades sont, tantôt aussi concises que possible, tantôt un peu plus développées ; mais dans toutes, les faits sont réduits à leur expression la plus simple, dépouillés de tous leurs accessoires, de tous leurs détails.

Que ces triades, arrangées comme on les a aujourd’hui, ne soient pas fort anciennes, ce serait une chose facile à prouver. Les recueils dans lesquels on les trouve ne paraissent pas pouvoir remonter plus haut que le quatorzième ou le treizième siècle. Mais plusieurs des notices qu’elles renferment n’en remontent pas moins à la plus haute antiquité ; elles paraissent être ou les débris de monumens perdus aujourd’hui, ou la mise par écrit tardive de traditions nationales qui se seraient conservées oralement pendant des siècles.

Ainsi, par exemple, il s’y trouve, sur le déluge universel, des traditions mythologiques qui ne dérivent point du récit de cet événement dans la Bible, et ont, au contraire, beaucoup de rapport avec celui des livres hindoux. Il s’y trouve une tradition non moins curieuse sur le premier peuple qui prit possession de la Grande-Bretagne, encore inculte et déserte. Suivant cette tradition, ce peuple serait venu d’un pays désigné comme voisin de Constantinople, sous la conduite d’un chef nommé Hu-le-Fort, qui semble être le même que l’Hésus des Gaulois.

Ces notices mythologiques sont éparses parmi une foule d’autres d’un caractère plus historique sur les temps anciens et le moyen âge des Bretons insulaires. Enfin, toutes ces triades sont et paraissent avoir toujours été écrites dans la langue du peuple auquel elles appartiennent, c’est-à-dire en gallois ou kymri : on