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n’en cite aucune rédaction ni version latines, particularité qui semble attester la nationalité de ce genre de document.

Quant aux chroniques bretonnes, il serait très difficile et très long d’en donner une idée précise : je me bornerai à dire que c’est un amas de notices, on ne peut plus disparates, les unes de tout point et grossièrement fabuleuses, les autres mélange informe de fables, de méprises et de probabilités historiques. La chose la plus importante à observer relativement à ces chroniques, c’est que la source en est toute autre que celle des triades, qu’elles contredisent formellement sur beaucoup de points, et dont elles diffèrent plus ou moins sur presque tous.

C’est dans ces chroniques qu’est longuement développée la fable de l’origine troienne des Bretons dont il n’est pas question dans les triades. On a ces chroniques en latin et en gallois. La plus ancienne rédaction latine date de l’année 1138 ; c’est ce qu’on appelle vulgairement la chronique de Geoffroi de Montmouth. Des différentes versions galloises de cette chronique fameuse, la plus ancienne est celle que fit Walter Map, chanoine de l’église d’Oxford, à une époque impossible à préciser, mais certainement postérieure à 1150.

Ces chroniques avaient indubitablement pour base des matériaux plus anciens, soit fabuleux, soit historiques, et l’on suppose communément qu’elles n’étaient que la version amplifiée d’un très ancien livre breton. Mais c’est un point fort suspect auquel nous n’avons ni le besoin ni le loisir de nous arrêter. Il nous suffit de savoir là-dessus, ce qui est constaté, que cet antique original des chroniques bretonnes, en supposant qu’il ait jamais existé, est perdu depuis long-temps, et que ces dernières sont aujourd’hui, pour nous, l’unique répertoire des traditions bretonnes que pouvait renfermer le premier.

Nous avons donc maintenant deux sortes de documens à consulter sur l’histoire d’Arthur et des autres personnages bretons qui figurent dans les romans de la Table ronde, savoir les chroniques et les triades historiques.

Je reviens d’abord à ces dernières. Il y est, en effet, question d’Arthur, de la reine Genièvre et de Lancelot, de Tristan et de