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voyez-la encombrée de marchandises de tous les pays, car les contrebandiers anglais s’étaient faits les courtiers de toutes les fraudes. Voyez les trésors de deux hémisphères, jetés à brassées sur la terre. Il y a là dix millions de marchandises rares ou utiles. Oh ! que cette laine filée par l’industrie servirait bien à couvrir la nudité de ce peuple dont les os percent la chair ! cette toile à vêtir ces pauvres mères ! Oh ! qu’avec l’or de ces marchandises on indemniserait de maux et de malheurs ! Le pêcheur aurait un bateau, le laboureur une charrue, tous du pain ; car le pain de l’empire est dur, le pain de l’empire est rare. Peuples, voulez-vous du drap, de la laine, du pain ?

— Nous voulons de la vengeance, nous voulons du feu.

— Vive l’empereur et roi ! vive le blocus continental ! mort aux Anglais !

— Voici le commissaire de la marine ! Place au cortège ! place aux torches !

Et l’air rayonnant de patriotisme, M. le commissaire de la marine, en écharpe tricolore, une torche à la main, s’ouvrit un passage à travers la foule. Il était suivi de l’équipage de la frégate. Auguste, pâle et un flambeau à la main, marchait à côté du commissaire de la marine.

— Vive l’empereur !

Le commissaire s’arrêta au milieu de la place, devant un bûcher immense.

— Vive le blocus continental !

— Mort aux Anglais !

Et le commissaire de la marine, en agitant la torche enflammée au-dessus de sa tête, s’écria : vive l’empereur et roi ! — Vive le blocus continental ! — Mort aux Anglais !

Puis monté sur un ballot de laine, par un geste, il réclama le silence.

Il l’obtint.

Et lut : Décret de l’empire.

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