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elle se voit sur le point de périr, sans laisser même une trace de son apparition, dans ces parages redoutables. La reconnaissance de cette partie de la Nouvelle-Zélande peut être considérée comme complète, excepté sur quelques points, que le mauvais temps n’a pas permis de relever avec la même exactitude que le reste.

Les missionnaires anglais, de la secte des méthodistes, qui se sont établis depuis quinze ans sur différens points de la Baie-des-Îles, avaient fait jusque-là peu de progrès sur l’esprit indomptable des naturels qui l’habitent. Les relations qu’ils ont publiées, et les autres ouvrages qui ont paru récemment sur la Nouvelle-Zélande, ont fourni à M. d’Urville, avec ses propres observations, les matériaux du travail le plus complet qui existe à l’heure qu’il est sur ce pays ; on pourrait même lui reprocher la masse d’extraits qu’il donne sous le titre de Pièces justificatives, et qui remplit le troisième volume tout entier. Les mêmes faits y sont rapportés un trop grand nombre de fois, et le peu d’ordre chronologique qui y règne jette quelque confusion dans l’esprit du lecteur ; d’ailleurs, l’excellent résumé qu’en donne M. d’Urville lui permettait de les abréger sans aucun inconvénient. Grâces à ces travaux, les Nouveaux-Zélandais sont mieux connus peut-être que les Indiens de l’Amérique méridionale, découverte depuis si long-temps, et, en comparant ce qu’on en sait aujourd’hui avec ce qu’en ont rapporté les navigateurs du siècle dernier, on peut apprécier les erreurs dans lesquelles étaient tombés ceux-ci, sur un peuple dont ils ignoraient complètement la langue, et qu’ils offensaient souvent mortellement, sans le vouloir, en violant ses usages. De là les vengeances terribles exercées plusieurs fois sur les Européens par ces sauvages irascibles, et par suite les rapports dans lesquels ils étaient représentés sous les traits les plus odieux. La conduite prudente du chef de l’expédition, et de tous ceux qui la composaient, lui a valu de vivre dans une harmonie parfaite avec les naturels.

Des scènes moins paisibles, et la plus cruelle épreuve qu’elle ait eu à subir dans le cours de son voyage, attendaient l’Astrolabe à Tonga-Tabou, la principale des Îles-des-Amis, mieux désignées aujourd’hui sous le nom d’Archipel de Tonga. En y arrivant, le