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plus profitable. Il loua un petit magasin, rue de la Cathédrale, no 129, qu’il quitta peu après pour un autre situé rue de la Piedad, no 91, et, sous la raison de commerce Douville et Laboissière, se mit à vendre des livres, du papier, de la parfumerie, des pétards et autres articles de même espèce. Le nom de Laboissière était celui d’une femme d’une tournure tant soit peu commune, et d’un âge approchant de la maturité, qui accompagnait M. Douville : c’était elle qui tenait ordinairement le magasin, son associé s’occupant plus spécialement des affaires du dehors et des travaux relatifs à une petite presse lithographique qu’il avait établie.

Ici, je me vois obligé d’abandonner un instant M. Douville pour me livrer à une digression sur un événement qui se passa pendant son séjour à Buenos-Ayres. Dans la première semaine du mois de juin 1827, un personnage fut arrêté et mis en prison, sous l’accusation d’avoir contrefait les billets de la Banque nationale d’un réal et de deux réaux. M. Ramon Larrea ayant envoyé chez le personnage en question toucher le montant d’une lettre de change, le commis chargé de ce recouvrement reçut une masse de ces billets, qui étaient évidemment faux ; et sur la plainte de ce négociant, la police fit son devoir. L’accusé jeta les hauts cris dans sa prison, et publia, dans l’Écho Français[1], une lettre dans laquelle il se plaignait de son arrestation et de la manière horrible dont on le traitait dans son cachot : on lui refusait, disait-il, les objets de première nécessité, et jusqu’à de l’eau tiède pour se faire la barbe ; il était obligé, pour s’en procurer, d’en faire chauffer dans une bouteille qu’il mettait entre ses cuisses, dans son lit ; en outre, le soleil l’incommodait de ses rayons à certaines heures du jour, et sa vue, affaiblie par les suites d’une observation d’éclipse de soleil qu’il avait faite autrefois en Sicile, ne pouvait en supporter l’éclat, etc.


    trouvé de la pierre à chaux, substance qui manque complètement dans les environs de Buenos-Ayres, où on la remplace par des coquilles, qui sont abondantes dans plusieurs endroits. L’échantillon de ce prétendu calcaire, qu’il porta en triomphe à M. Ramon Larrea, chez lequel je l’ai vu, n’était autre chose qu’un morceau d’argile durcie, qui abonde dans le pays, ou elle est désignée sous le nom de tosca, tuf.

  1. Journal français qui paraissait, à cette époque, à Buenos-Ayres.