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avoir lieu ? Que M. Douville réponde à l’accusation que je viens de porter contre lui ; mais qu’il réponde sur le même ton que j’ai employé à son égard, sans emportement, sans divagations, par des dates et des faits précis. Je suis en état de soutenir le combat, et s’il interroge ses souvenirs, il verra que je n’ai pas épuisé la matière. S’il m’en croit donc, il se dépouillera discrètement du rôle qu’il a usurpé, en gardant un prudent silence[1]


L’auteur des Fragments of Voyages and Travels est depuis long-temps connu en France de tous ceux pour qui une relation de voyages faite avec talent est un des livres les plus intéressans qui puissent charmer leurs loisirs. M. Basil Hall a commencé sa réputa-

  1. Cet article devait paraître dans la livraison du 15 octobre dernier ; mais des circonstances indépendantes de la volonté du directeur de la Revue et de la mienne en ont retardé la publication jusqu’à ce jour. Dans cet intervalle, M. Douville a fait paraître une mince brochure de quelques pages, intitulée Ma Défense, etc. ; et il en a adressé à la Revue deux exemplaires, accompagnés d’une lettre, pour l’inviter à la reproduire, disant que l’honneur national exigeait cette publicité.

    J’ai lu avec attention la Défense de M. Douville, et je ne perdrai pas mon temps à la discuter. Ses réponses ne sont pas des réponses, mais bien une suite de cercles vicieux, de pétitions de principes, d’assertions qu’il donne comme des preuves, et qui, elles-mêmes, auraient besoin de preuves. D’ailleurs, la question a changé de face. Ce n’est plus son ouvrage, mais bien sa moralité, et, par suite, la confiance que méritent ses récits, qu’il faut que M. Douville défende. Qu’il prouve que dans le cours de l’année 1827 il était à Rio-Janeiro et non à Buenos-Ayres, et en mars 1828 au Congo et non au Brésil ; que ses preuves soient aussi positives que les miennes ; qu’il oppose des dates aux dates, des faits aux faits, des journaux aux journaux, des témoins aux témoins ; et quand il aura fait tout cela, il n’y aura pas une erreur de moins dans son ouvrage.

    Je n’ajouterai plus qu’un seul mot sur la proposition que fait M. Douville au gouvernement de se charger d’entreprendre un second voyage en Afrique. Il y a deux moyens de se tirer d’un mauvais pas dans lequel on s’est imprudemment engagé, l’un, et c’est le plus vulgaire, consiste à reculer, en sauvant, tant bien que mal, les apparences ; l’autre à redoubler d’audace et marcher en avant, en bravant les blessures qu’on a reçues dans le combat. Je laisse au public à décider si ce dernier parti est le meilleur, et si M. Douville a eu raison de le prendre.