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moins d’instruction, et où l’on commet en même temps le moins de crimes contre les personnes. C’est dans les départemens du sud que les crimes de cette nature sont proportionnellement les plus nombreux ; quant aux crimes contre les propriétés, en général ils se rencontrent surtout dans les départemens éclairés. Du reste, ces faits, maintenant bien constatés, prouvent, non pas l’inutilité de l’instruction, mais la nécessité de la joindre à l’éducation morale.

Les dispositions en faveur des établissemens religieux catholiques et protestans forment presque la moitié du nombre total des donations et des legs. Les hommes donnent plus que les femmes aux établissemens de bienfaisance. Ils donnent aussi plus aux établissemens religieux, bien qu’on ait souvent dit le contraire. On a prétendu aussi que les libéralités au clergé se faisaient surtout par testament, qu’elles étaient dues à l’influence exercée sur l’esprit des mourans, et qu’il fallait par conséquent restreindre davantage la faculté de disposer de cette manière. Or, ce n’est point par testament que l’on donne le plus au clergé, mais par donations entre vifs. Ce serait donc sur ces donations que devrait de préférence se porter l’attention du législateur, s’il voulait rendre plus difficiles et moins fréquentes les dispositions en faveur du clergé.

Les donations aux établissemens de bienfaisance se trouvent surtout dans le Languedoc, le Dauphiné, la Provence et les départemens du sud-est ; les donations aux prêtres, dans la Bretagne, la Normandie et une partie des départemens du nord ; les donations aux écoles, et les fondations de prix, dans la Franche-Comté, l’Alsace, la Lorraine, la Champagne, la Bourgogne, et précisément dans les départemens où l’instruction est le plus répandue.

Les donateurs anonymes sont cinq fois moins nombreux parmi ceux qui donnent au clergé, que parmi ceux qui donnent aux écoles.

C’est dans les départemens du centre où il y a le moins de crimes contre les personnes, et surtout contre les ascendans, que se trouvent en général le plus grand nombre de désertions et le moins de naissances illégitimes et de suicides.

Le nombre des suicides constatés, qui est cependant bien inférieur à celui des suicides commis, s’élève en France chaque année à près de 2,000 ; il est trois fois aussi considérable que celui des meurtres et des assassinats. Le département de la Seine, qui entre pour un sixième dans la production des enfans illégitimes, voit commettre également le sixième du nombre total des suicides. On y en compte autant que dans trente-deux départemens du sud et du centre.

M. Dureau de La Malle fait connaître les résultats de ses recherches