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REVUE. — CHRONIQUE.

par la quantité ; mais notre conscience ne nous permet malheureusement pas ce mensonge.

Qu’est-ce que Deux mois de sacerdoce ? Est-ce une nouvelle ? est-ce une dissertation philosophique ? Ce n’est, il nous semble, ni l’un ni l’autre.

Le récit, — s’il y a là toutefois un récit, — se trouve constamment absorbé par les réflexions morales de l’auteur. Cependant où veut-il en venir par tant de digressions et de rêveries ? Que cherche-t-il à prouver ? Je me le demande encore.

Ce qu’il y a peut-être de plus remarquable et de plus neuf dans ce petit livre, c’est la peine qu’on s’y est donné de numéroter à peu près chacune des phrases qui en composent les chapitres. A-t-on cru qu’elles ressembleraient mieux ainsi à des strophes d’odes ? A-t-on pensé que cela serait plus lyrique ? Je ne sais.

L’ENFANT DE CHŒUR, PAR M. AMÉDÉE DE BAST[1].

M. Amédée de Bast dit lui-même de son livre, qu’on aurait tort de le juger comme on jugerait un roman. Il a voulu choisir, ajoute-t-il, les points culminans de la vie d’un homme, et s’est efforcé de les enluminer à sa manière.

L’auteur ne nous ayant pas donné d’instructions plus précises, nous ne nous hasarderons pas à porter, sur son ouvrage, un jugement trop formel et trop arrêté.

Nous dirons seulement à M. Amédée de Bast, pour nous servir de ses propres expressions, qu’il a en effet bien plutôt enluminé que peint véritablement les points culminans de la vie de son Enfant de Chœur, et, selon nous, ce n’est pas là le bon procédé, quand on veut faire un beau tableau.

Quoi qu’il en soit, ce livre, roman ou non, n’est pas sans mérite. Il est écrit surtout avec une impartialité politique digne d’éloges.

Et puis, nous y avons compté au dénouement, un nombre assez satisfaisant de personnages tués ou suicidés. L’auteur pouvait assurément profiter de cet avantage, et, sans nuls remords, intituler son histoire : les Cinq Cadavres. Il faut lui savoir gré de la discrétion de son titre. Il a tenu plus qu’il n’avait promis.


  1. Chez Hippolyte Souverain.