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DE LA CHINE.

ne remplissaient le cadre que M. Rémusat avait tracé. Lui-même n’a pas atteint complétement le but qu’il s’était d’abord proposé. Ses Élémens offrent des défauts qu’aurait pu corriger le progrès de son enseignement, mais cet ouvrage n’en est pas moins une base excellente pour l’étude du chinois. L’exposition est pleine de clarté et de netteté ; l’ordre des règles et le choix des exemples sont parfaits ; seulement on peut trouver quelques lacunes dans les premières, et reprocher aux seconds trop de sobriété.

§ II. Langues tartares, japonais, coréen.

L’utilité de la langue chinoise ne se borne pas à nous faire connaître le peuple qui la parle ; elle peut encore servir à nous mettre en relation avec d’autres nations qui entourent le royaume du milieu, et sont comme les satellites de cette grande et lointaine planète. Nous en aurons la preuve quand nous parlerons des travaux de M. Rémusat sur l’histoire du haut Orient ; nous l’allons voir dès à présent à propos de diverses langues auxquelles il a étendu ses recherches en s’aidant pour leur étude de la connaissance du chinois. Tels sont les idiomes tartares, le japonais et le coréen. N’oublions jamais, en effet, que nous sommes à la Chine, chez un peuple savant et lettré, curieux de tout ce qu’il ne méprise pas trop, qui d’ailleurs, malgré son mépris pour ses conquérans, a été forcé d’apprendre la langue des différentes nations qui l’ont soumis. En dépit du rempart qu’élèvent autour de lui ses préjugés nationaux, rempart plus difficile à surmonter que la grande muraille, il n’est pas resté sans contact avec les autres peuples. Il a négocié avec des nations tartares et gothiques, il a soumis le Japon, il a reçu dans son sein des populations mahométanes et bouddhistes ; enfin, il a traduit des livres sanscrits, thibetains et arabes ; il possède des grammaires mantchoues, des dictionnaires mongols, des dictionnaires polyglottes, et entre autres un vocabulaire philosophique en cinq langues, sur lequel nous reviendrons.

Dans son beau travail sur les langues tartares, dont malheureusement il n’a publié que la première partie, M. Rémusat a donné une idée juste et souvent nouvelle des principales d’entre