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drait les avoir vus agir précédemment. Mais ils sont trop nombreux pour qu’il me soit possible de donner sur tous des notices même très-sommaires. Il en est un seul sur lequel je crois ne pas pouvoir me dispenser de dire quelques mots. C’est Folquet, l’évêque de Toulouse. Ce Folquet est le même que Folquet de Marseille, l’un des troubadours les plus distingués et les plus célèbres, et l’un de ceux dont j’ai parlé avec quelque détail.

Au milieu d’une vie très-mondaine, très-animée, et, selon toutes les apparences, heureuse, Folquet avait été pris d’un accès de mélancolie dans lequel il s’était fait moine au Toronet, monastère alors célèbre, dans le voisinage de Toulon. C’était de là qu’on l’avait tiré en 1204, pour le faire évêque de Toulouse, dans des circonstances difficiles qui exigeaient des vertus et des lumières qu’il n’avait pas. Par une singulière et déplorable destinée, il se conduisit, comme évêque, de manière à flétrir l’heureuse et innocente renommée qu’il s’était faite comme troubadour. — Maintenant voici le morceau où il parlera.

Quand la cour est complète, grande en est (dans Rome) la rumeur.
Là, fut alors tenu concile
Par le seigneur pape, vrai chef de la religion,
Par les prélats de l’église, qui y furent convoqués,
Par les cardinaux, les évêques, les abbés et les prieurs,
Par les comtes et les vicomtes de maintes contrées.
Là, fut le comte de Toulouse, avec son fils, le bon et bel (infant),
Qui, d’Angleterre, était parti avec peu de compagnons ;
Bien et secrètement guidé par Arnaud Topina,
Il avait traversé la France, par maints endroits périlleux,
Et s’en était venu à Rome, la ville d’où sort tout ce qui est sacré.
Jamais de mère ne naquit plus gracieux infant.
Plus sage, plus avenant, de plus gentilles façons.
Ni de plus noble lignage en aucune terre.
Là, furent aussi le comte de Foix, l’avenant et le preux ;
Arnaut de Vilamur, armé de cœur vaillant,
Pierre Raymond de Rabestencs, le hardi,
Et beaucoup d’autres encore, seigneurs puissans et résolus,
Qui défendront leur droit si on le leur conteste.

Et voilà que devant le pape, quand le moment en est venu,