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SCÈNES HISTORIQUES.

— Tu hésites, reprit le cavalier noir, tu appelles la vengeance et trembles devant elle ; cœur de femme, qui as su envisager ta honte et qui n’oses pas envisager leur châtiment !

— Les verrai-je mourir tous deux ? reprit de Gyac.

— Tous deux.

— Sous mes yeux ?

— Sous tes yeux.

— Et j’aurai, après leur mort, des années d’amour, de puissance, de gloire, continua de Gyac.

— Tu deviendras le mari de la plus belle femme de la cour, tu seras le favori le plus cher du roi, tu es déjà un des chevaliers les plus braves de l’armée.

— C’est bien, maintenant que faut-il faire ? dit Gyac avec l’accent de la résolution.

— Venir avec moi, répondit l’inconnu.

— Homme ou démon, va devant, et je te suivrai…


Le cavalier noir s’élança, comme si son cheval avait des ailes, vers le chemin qui conduisait à la forêt. Ralff, l’agile Ralff le suivait avec peine et tout haletant, puis bientôt chevaux et cavaliers disparurent, s’enfonçant comme des ombres sous les arcades séculaires de la forêt de Beaumont.

L’orage dura toute la nuit.


(La fin à la prochaine livraison.)


Alex. Dumas.