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REVUE. — CHRONIQUE.

L’ESPAGNE ROMANTIQUE, CONTES DE L’HISTOIRE D’ESPAGNE, PAR DON TELESFORO DE TRUEBA[1].

Confessons-le, nous avions soupçonné d’abord que ce livre pouvait bien être plutôt fabriqué que traduit sous la raison Defauconpret et compagnie. Nous avions été jusqu’à douter qu’il existât réellement un don Telesforo de Trueba.

Rien n’est cependant plus certain ; nous le savons maintenant de bonne source. Don Telesforo de Trueba vit bien et demeure à Londres. C’est bien à Londres que cet auteur espagnol a écrit et publié en anglais Gomez Arias, le Castillan, et plus récemment les Contes de l’Histoire d’Espagne. Qu’on ne s’étonne donc point de voir la manière de Walter Scott invariablement reproduite, son procédé constamment appliqué dans ces divers ouvrages.

En ce qui touche surtout les contes de l’histoire d’Espagne, il y avait cependant pour l’écrivain un parti bien meilleur à prendre. Puisqu’il empruntait le fond de ses sujets aux chroniques et au Romancero, que ne s’inspirait-il aussi de leur poésie ? Que ne traduisait-il la forme, l’esprit et l’originalité de ces récits espagnols, au lieu de tailler servilement les siens sur les patrons écossais ? C’est une grande maladresse à lui d’avoir négligé cette source abondante où il n’y avait que trésors à puiser et à pleines mains. À quoi bon aller prendre chez les autres quand on est si riche chez soi ?

Nos reproches ne s’adressent au surplus qu’au mode de mise en œuvre adopté par l’auteur. Il faut lui rendre cette justice, au moins a-t-il en général respecté les faits historiques, et si le vêtement dont il les habille n’est pas celui qui leur convenait le mieux, il ne manque point d’ailleurs de grâce. Il a dépouillé ses Castillans du manteau, et leur a jeté le plaid sur les épaules. Il les a déguisés avec élégance. Voilà tout.


LE PÉLERIN, PAR M. JOSEPH BARD[2].

Je ne sais pas si vous avez jamais ouï parler des Mélancoliques, poésies naguère publiées par M. le chevalier Joseph Bard ; mais sur les six couvertures des six livraisons du Pélerin, poème nouveau du même auteur, vous pourrez lire au moins six fois que les journaux les plus distingués

  1. Chez Gosselin.
  2. Chez Renduel.