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rent, en traversant les forêts, jusque sur les bords de l’Oyapock, où ils eurent à combattre, pour s’y établir, les Roucouyennes et les Ouens qu’ils exterminèrent en partie. Les restes de ces deux nations se sont enfoncés dans les bois, et n’ont plus reparu jusqu’à ce jour. Le gros de la nation Oyampi s’établit entre les sources de l’Oyapock et celles de l’Arawari, et on dit qu’il s’élève à trois ou quatre mille individus. Le reste s’est répandu le long de l’Oyapock et de ses affluens jusqu’au près du Camopi, qu’ils n’ont pas encore dépassé. Ces derniers peuvent se monter à trois cents individus, disséminés sur une étendue de quatre-vingts lieues en longueur. Au dire des autres Indiens, le mot Oyampi signifie, dans la langue de cette nation, mangeur d’hommes, et lui a été imposé par suite de ses habitudes d’anthropophagie. Cette assertion est probablement fausse comme tant d’autres de ce genre, car les Oyampis de l’Oyapock n’offrent aucune trace de cette horrible coutume, et sont les plus doux des hommes.

Les Coussanis ; ils habitent dans le voisinage des précédens, entre les sources de l’Oyapock et l’Arawari. Les blancs n’ont presque aucune relation avec eux, et on ignore leur nombre.

Les Émerillons, nation établie dans le haut du Camopi, et dont on voit quelquefois des individus dans l’Oyapock. Ils passent pour plus féroces que les Indiens dont je viens de parler, et on les a même accusés d’anthropophagie avec plus de raison, je crois, que les Oyampis.

On rencontre, en outre, parmi ces nations, quelques individus qui s’y sont incorporés, et qui appartiennent à celles des bords de l’Amazone. Les Brésiliens traitant les Indiens en esclaves[1], il n’est pas rare que ceux-ci émigrent, et quittent pour toujours leur pays natal, afin de se dérober à cette tyrannie. Ceux que j’ai vus appartenaient presque tous à la nation Calipoun, l’une des plus considérables de l’Amazone, et dont la langue, désignée par les Brésiliens sous le nom de lingua jeral, est parlée et comprise par

  1. Pour n’en citer qu’un exemple, le gouvernement du Para, craignant en 1793 la communication par terre des principes de la révolution, de la Guyane au Brésil, fit enlever tous les Indiens qui se trouvaient entre l’Oyapock et le fleuve des Amazones, et les jeta dans l’intérieur des forêts du Brésil, où la plupart sont morts de misère et de désespoir.