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peine, il n’en est pas une qui ne préférât une mort immédiate à la certitude de la subir pour la vie. J’avais écrit une description de ces horribles cellules, mais celle qu’en a donnée le capitaine Hall est si exacte et si claire, qu’il serait superflu que je l’insérasse ici. »


La susceptibilité d’indépendance qu’engendre la démocratie est bien représentée dans le passage suivant :


« Tous les débats du congrès auxquels j’ai assisté roulaient sur un seul point, l’entière indépendance de chaque état par rapport au gouvernement fédéral. Cette jalousie d’indépendance me paraît une des passions les plus étranges qui se soit jamais emparée de l’esprit humain. Je n’ai point la prétention de trancher la question politique à laquelle elle se rattache ; je ne parle que de la singulière impression que produit le spectacle d’une assemblée dans laquelle chaque membre, l’un après l’autre, se lève impétueusement, pour déclarer que la plus grande injure, la plus criante injustice, la plus odieuse tyrannie qu’on puisse commettre ou exercer à l’égard de l’état qu’il représente, c’est de voter quelques millions de dollars pour y faire des routes, pour y dessécher des marais, pour y introduire une amélioration quelconque.

« Pendant mon séjour à Washington, on s’entretenait beaucoup de la non-réélection d’un membre du congrès qui, sous tous les rapports, était un des hommes les plus estimés de la chambre. Le crime qui avait fait perdre à ce gentilhomme les voix de ses meilleurs amis et de ses plus chauds admirateurs était d’avoir voté une somme sur le trésor public pour le desséchement d’un marais qui répandait la fièvre et la mort dans un district de l’état qu’il représentait. »


Une extrême défiance des fonctionnaires qu’ils emploient, est un autre caractère des gouvernemens républicains qu’on retrouve en Amérique.


« La pureté du caractère américain, conséquence évidente de la pureté du gouvernement américain, est matériellement démontrée à la secrétairerie d’état, par la collection de toutes les bagues, tabatières, et autres présens offerts aux envoyés américains par les différens souverains de l’Europe, depuis la déclaration d’indépendance jusqu’à nos jours. Le but de la loi qui impose aux diplomates américains le devoir de déposer ainsi à la secrétairerie d’état les présens qu’ils peuvent recevoir, nous fut expliqué. La république a voulu les sauver de la tentation de se laisser corrompre, et se préserver elle-même des conséquences de cette corruption. Il me semble qu’il serait plus simple de ne con-