Aux cieux peuvent briller les plus illustres gloires ;
Tout ici, jusqu’au nom, s’efface des mémoires,
Et quand vous demandez : Qui jadis là vivait ?
Le peuple indifférent vous répond : Qui le sait !
Ainsi, gloire au serpent, gloire à l’esprit du doute,
Comme au premier printemps, le monde encor l’écoute,
Et la femme n’a pas de son faible talon
Écrasé comme un ver la tête de Pithon.
Le serpent règne encor, et la Rome papale
N’est pas la seule ville où sa langue fatale
Courbe le front de l’homme et lui tourne les yeux
Loin des champs paternels, le vaste azur des cieux.
Nous sommes tous, hélas ! sous ce souffle de glace,
Et partout où ce vent nous arrive à la face,
Nous perdons la vigueur, nous n’avons plus de poulx,
Sous nos corps fatigués fléchissent nos genoux,
Nous prenons le dégoût de toute gloire humaine,
Et vivant pour nous seuls, sans amour et sans haine,
Nous n’aspirons qu’au jour où le froid du tombeau,
Comme un vieux parchemin, nous jaunira la peau ;
Alors nous nous disons sous le mal qui nous ronge,
L’art n’est plus qu’un vain mot, un stérile mensonge ;
Le temps a tout usé ce tissu précieux,
Ce riche vêtement, cet habit gracieux,
Que Dieu fila lui-même, et que sa main féconde
Déploya pour couvrir la nudité du monde,
La forme. — Elle était pure et belle au premier jour,
Si pure que le maître avec un œil d’amour
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IL PIANTO.