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INFLUENCE DES MOEURS SUR LES LOIS.

d’élucubration. Cette fois l’auteur lauréat fut moins malheureux ; il pouvait s’appuyer sur d’excellens travaux que lui prêtait l’Allemagne ; et son histoire critique du gnosticisme vaut beaucoup mieux que son essai sur l’école d’Alexandrie. Après ces deux ouvrages couronnés l’un en 1817, l’autre en 1826, l’auteur parut un instant avoir enfin mis la main sur l’aliment convenable à l’activité de son esprit, et vouloir se tenir à l’étude des idées philosophiques et religieuses, car en 1829 il publia une Histoire universelle de l’église chrétienne, dont les deux premiers volumes ont paru. J’ai lu ce livre avec le même empressement que les deux autres ; c’est une compilation et un abrégé ; l’originalité individuelle et la sagacité philosophique m’en ont semblé absentes.

Il est à croire que M. Matter se cherchait encore quand l’Académie française proposa son prix extraordinaire : il paraît que l’histoire de la philosophie ancienne et l’histoire du christianisme ne lui suffisaient pas, et qu’il avait pour la science de la législation un penchant secret qui se fit jour enfin. Suivons-le dans cette autre carrière, et tâchons de reconnaître s’il a trouvé définitivement ce qui convient à son esprit ; non que nous veuillions le moins du monde comprimer l’essor de M. Matter, et si un nouveau programme académique vient encore lui révéler une nouvelle aptitude, nous y souscrivons par avance.

En 1827, l’Académie française mit au concours cette question : De l’influence des lois sur les mœurs et des mœurs sur les lois, et publia le programme suivant pour servir de guide aux concurrens :

« L’Académie française a pensé qu’elle ne pouvait mieux remplir les intentions du vertueux Montyon, qu’en faisant servir ses libéralités à obtenir des ouvrages d’une utilité générale et d’un ordre élevé.

« Pour traiter le sujet que l’Académie propose, il faudrait montrer, d’après des recherches exactes, comment chez les différens peuples dont nous connaissons l’histoire, et suivant leurs divers degrés de civilisation, les institutions politiques, les lois pénales et les lois civiles ont agi sur les mœurs, et comment, à leur tour, les mœurs ont préparé, ont amené le changement des institutions et des lois. C’est un ouvrage approfondi et surtout utile que l’Académie demande. Il ne s’agit point d’entrer dans la discussion