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REVUE. — CHRONIQUE.
Report 
86,000 fr.
En marchandises 
45,000 fr.
En une traite sur Buenos-Ayres qu’il prend au Havre 
8,000 fr.
Total 
139,000 fr.

Il perd :

Entre Rouen et le Havre ses billets de banque. 
76,000 fr.
Ses marchandises confisquées par les Brésiliens. 
45,000 fr.
Ses quadruples   Id.   Id
10,000 fr.
Mettons pour passage et dépenses diverses 
3,000 fr. — 134,000 fr.
Reste 
5,000 fr.

Auxquels il faut ajouter 1,000 fr. qu’il emprunte à Montévideo.

Il y a loin de là aux 240,000 fr. que M. Douville possède plus tard ; il l’a senti : de là ces brillantes affaires qu’il fait à Buenos-Ayres ; brillantes en effet ! car de janvier au 4 juin où il fut arrêté, c’est-à-dire dans l’espace de cinq mois, il a dû gagner 234,000 francs !! Je ne parle pas de son négoce à Rio-Janeiro, car de son propre aveu il n’a duré que cinq semaines au plus, temps à peine suffisant pour s’établir. C’est ainsi qu’il se joue de la bonne foi de ses lecteurs.

Il convient aussi de son démêlé avec la justice au sujet des billets de la banque nationale ; mais il accuse le gouvernement de sa mésaventure, et il cite le jugement qui l’absout, en ayant néanmoins la maladresse d’apprendre au lecteur la cause de cette absolution, mentionnée dans la lettre de M. Gueret-Bellemare à M. Guizot, qu’il donne dans ses pièces justificatives. L’auteur de cette lettre, homme honorable, indignement calomnié par M. Douville, dit textuellement au ministre qu’il est un des Français qui ont fait leurs efforts auprès de la justice de Buenos-Ayres pour la faire consentir à ne pas user d’une sévérité qui aurait compromis notre nation aux yeux du pays. Cette intervention favorable et la chute de M. Rivadavia, qui survint pendant le procès, sauvèrent en effet la vie à M. Douville. Je tiens ce fait de M. Rivadavia lui-même que j’ai vu (aujourd’hui 30 janvier) encore tout indigné de la manière honteuse dont M. Douville s’est introduit chez lui, pour lui arracher, par un subterfuge, un certificat qui prouve, quoi ? qu’un jugement rapporté par une gazette de Buenos-Ayres est authentique ! M. Rivadavia l’a donné, ce certificat, pour se délivrer de l’horreur de voir un homme qu’il méprisait (ce sont ces propres expressions), et il a défendu à M. Douville de mettre les pieds une seconde fois chez lui.

Une lettre que ce dernier a eu l’audace de lui écrire après cette défense a été renvoyée sans être ouverte.

M. Douville, pour éviter d’être assassiné par ses compatriotes de Buenos-Ayres, furieux de le voir absous (page 169), passe à Rio-Janeiro, et là, il est encore mis en prison, mais toujours par suite d’un complot, qui partout