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une trop légitime défiance de mes propres forces m’aurait sans doute empêché d’essayer de tracer ce tableau sur des dimensions plus considérables, et par cela même mieux en rapport avec l’importance de son sujet.

Toutefois, si je dois me borner pour aujourd’hui à la seule analyse de quelques parties détachées de cette philosophie célèbre, je m’efforcerai du moins de montrer le lien qui unit entre elles ces parties diverses ; je m’efforcerai de faire ressortir, de mettre en relief l’idée dominante, l’idée fondamentale du système entier ; je ferai en sorte enfin de résumer, en terminant, ce système en une espèce de formule générale, et de le montrer ainsi tout entier dans son élément générateur, n’ayant pu le suivre dans ses développemens extérieurs. Il ne serait donc pas impossible que la petite exposition qui va suivre pût suffire, malgré sa brièveté, à donner au lecteur une idée qui ne fût pas dépourvue de toute justesse, de l’ensemble des spéculations philosophiques de M. de Schelling.

Aucune réflexion étrangère ne se mêlera d’abord au simple exposé des doctrines de ce philosophe. Je n’interviendrai par aucune discussion. Ce sera, pour ainsi dire, lui-même qui parlera. Je voudrais du moins, pour parler plus exactement, que cela pût être. Je me bornerai donc, je le redis encore, à répéter brièvement ce que j’ai cru lui entendre raconter dans son noble et poétique langage.

DU DUALISME.

La clef de voûte et le fondement du système entier, c’est le dualisme.

Deux principes contraires sont en lutte.

Ils se font équilibre à des conditions diverses. Ils se combinent de façons différentes.

Les points de l’espace où ils se font équilibre sont partout en opposition symétrique les uns à l’égard des autres. Il en est de même des combinaisons différentes, qui sont la manifestation de leur lutte.