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PHILOSOPHIE DE SCHELLING.

Voilà l’unique cause de l’infinie multitude de phénomènes qui se montrent sur la surface de la terre ; voilà la raison première et dernière de la réalité elle-même.

DE L’ÉTHER.

Avant la création, l’espace n’était pas vide. Le néant n’était pas seul à exister.

Une matière d’une ténuité, d’une subtilité extrême, l’éther s’étendait comme un océan sans rivage dans les espaces infinis.

C’est dans le sein de cette mer éthérée, qu’à la parole de Dieu sont nés les mondes.

DE LA MATIÈRE.

Au son tout-puissant de cette parole créatrice, la matière sortant du néant entra dans les domaines de la création où elle venait d’être appelée.

Les molécules matérielles durent alors se mouvoir en tous sens, dans toutes les directions.

Elles obéirent en ce moment à une force d’expansion ; mais elles ne pouvaient continuer d’obéir indéfiniment à cette force unique, car si cela eût été, la cohésion et la continuité de parties n’auraient été nulle part. Les molécules matérielles se seraient perdues dans l’immensité sans limites. La matière n’aurait pas existé.

Pour que la matière existât, il a donc fallu qu’une seconde force entrât en opposition avec cette première force ; et, afin que cette opposition fût possible, il a fallu, de plus, que cette seconde force fût elle-même une force de contraction.

Chacune des molécules matérielles, soumise dès-lors à l’action de ces forces opposées, a dû s’arrêter au point de l’espace où l’équilibre s’établissait entre ces forces. Toutes les molécules ont fini par remplir ainsi des lieux déterminés de l’espace. Le lien, la cohésion, la continuité se sont établies entre parties diverses ; en un mot la matière a paru.

En même temps, par suite de causes qui nous sont demeurées