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inconnues, ce n’a été qu’à des conditions différentes que l’équilibre s’est établi entre toutes les molécules matérielles. C’est un lien différent qui a uni les parties diverses. C’est à des degrés différens que la cohésion et la continuité ont existé entre ces parties. De là les formes différentes revêtues par la matière. De là les propriétés distinctes manifestées par la matière.

DU MOUVEMENT.

À tout mouvement en ligne courbe[1] concourent nécessairement deux forces analogues à celles que nous venons de voir agir.

De ces forces, l’une éloigne le corps en mouvement d’un centre donné, l’autre l’attire au contraire vers ce centre.

Dans un corps qui se meut, il se fait ainsi un effort perpétuel, par lequel le corps tend à s’éloigner d’un point donné de l’espace ; mais cet effort est sans cesse annulé. On peut encore dire que ce corps commence sans cesse à décrire une ligne droite, mais que cette ligne est sans cesse brisée.

On a sans doute reconnu dans ces deux forces, les forces d’impulsion et d’attraction qui déterminent le mouvement des planètes.

Suspendez un instant dans le monde la force d’attraction, les planètes s’échappant par la tangente de leurs orbites, iront se perdre au sein de l’infini. Suspendez au contraire la force d’impulsion, et bientôt se précipitant à la fois vers un centre commun, les planètes iront se briser, se dissoudre en une masse inerte, un informe chaos. Mais une main toute puissante sait maintenir l’équilibre entre ces forces opposées. Depuis l’origine des âges, les planètes n’ont jamais cessé de décrire dans les cieux d’harmonieuses évolutions, et il en sera de même, sans doute, jusqu’à la consommation des temps.

  1. Tout mouvement en ligne droite peut se ramener à un mouvement en ligne courbe au moyen de la considération de l’infini. Nous avons donc pu nous borner à ne parler que de cette seconde sorte de mouvement.