Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/507

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
501
DU VANDALISME EN FRANCE.

de toute ville et de toute route, et qu’on ne peut y arriver qu’à cheval. Ah ! s’il y avait eu dans le voisinage quelque grande route, quelque usine à fonder, le tout y aurait déjà passé. Ah ! si la cupidité s’était mêlée à la froide manie de destruction ! Pour le moment, on a trouvé qu’un cloître pareil pouvait servir, aussi bien qu’autre chose, d’étable à des pourceaux.

Mon ami, pardonnez à ma fureur, et hâtez-vous d’aller voir ce lieu encore si beau dans sa misère, avant que les brutes de diverses espèces qui l’habitent ne l’aient rendu complètement méconnaissable,

4o. Le Clergé.

Je passe à ma quatrième catégorie, celle du clergé. C’est avec une véritable douleur que je me vois forcé de m’élever contre les erreurs que commettent, en ce qui touche à l’art religieux, plusieurs membres de ce corps vénérable et sacré, aujourd’hui surtout, par ses malheurs. Mais si ces lignes tombent sous les yeux de quelques-uns d’entre eux, ils y discerneront, j’espère, une nouvelle preuve de l’intérêt et du respect que leur porte un fils et un ami.

Un catholique doit déplorer plus qu’un autre le goût faux, ridicule, païen, qui s’est introduit depuis la renaissance dans les constructions et les restaurations ecclésiastiques. Sa foi, sa raison, son amour-propre, en sont également blessés. Que les gouvernemens et les municipalités traitent brutalement les monumens que le malheur des temps leur a livrés, et inscrivent là comme ailleurs l’histoire de leur incapacité profonde, cela n’a rien ni de surprenant ni d’inconséquent avec le reste de leurs déportemens. On en gémit, on s’en indigne, mais on n’en est point, grâce au ciel, responsable ; tandis que voir l’église s’associer avec une persévérance si cruelle en triomphe d’un goût anti-chrétien qui date de l’époque où elle-même a été dépossédée peu à peu de sa popularité et de sa puissance ; la voir renier les inimitables inspirations du symbolisme des âges catholiques pour introniser dans ses basiliques les pastiches d’un paganisme réchauffé et bâtard ; la voir enfin chercher à cacher sa noble pauvreté, ses plaies glorieuses sous d’absurdes replâtrages, c’est un spectacle fait pour navrer une âme qui veut le catholicisme dans sa sublime et antique intégrité, le catholicisme roi de l’imagination comme de la prière, de l’art comme de l’intelligence.

Certes, et cela se comprend facilement, on ne saurait reprocher au clergé une envie de détruire, aussi étrangère à ses habitudes que contraire à ses devoirs et à son instinct ; et si ce n’étaient quelques traits fâcheux qui sont, il faut le croire, plutôt imputables aux conseils de fabrique, lesquels tien-