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DU VANDALISME EN FRANCE.

gélistes. Les cryptes de Saint-Sernin étaient célèbres par le nombre des reliques et la richesse des châsses qu’elles renfermaient avant la révolution. Elles ont été défigurées par une série de restaurations maladroites : dès la fin du quinzième siècle, on avait substitué aux anciens pleins cintres des ogives surbaissées et écrasées, d’un très mauvais effet. À la révolution, le souterrain fut dévasté, et depuis, sans doute en guise de compensation, il a été remis à neuf et proprement repeint en diverses couleurs : l’impression sombre et mystérieuse que devait produire ce sanctuaire ne peut donc exister que dans l’imagination. C’est absolument le même contresens qui révolte à l’église souterraine du Mont-Cassin, où reposent les cendres de saint Benoît.

La cathédrale de Saint-Étienne n’a jamais été achevée ; il n’y a de complet que son chœur, vraiment grandiose au dehors comme au dedans, orné de quelques beaux vitraux, mais que le cardinal de Joyeuse a surchargé au dix-septième siècle d’une sorte de jubé en forme de façade, à bas-reliefs et à arabesques de très mauvais goût. La nef, bâtie par Raymond vi, pendant qu’il était assiégé par Simon de Montfort, n’a aucune relation avec le chœur qui est d’une époque postérieure : elle a été destinée depuis à servir de collatéral ; mais ce projet a été abandonné, et on s’est contenté de lui donner une largeur tout-à-fait disproportionnée à sa hauteur, et qui ne lui permet toutefois d’arriver que jusqu’au tiers de la largeur du chœur, dont les deux autres tiers sont brusquement terminés par un mur de refend. On a été obligé de masquer par des rideaux cette bizarre anomalie. La façade et le clocher sont également irréguliers.

On a ridiculement regratté et badigeonné les deux belles façades triangulaires à tourelles crénelées de Notre-Dame de la Dalbade et de l’église du Taur. Celle-ci, bâtie, selon la tradition, sur le lieu où s’arrêta le taureau qui traînait le saint martyr Saturnin, patron de Toulouse, est remarquable par deux belles statues de saint François et de saint Dominique, de grandeur naturelle, nichées des deux côtés du portail, et comprises dans le blanchissage général. À la Dalbade, on a laissé, au milieu de la façade reblanchie, la couleur naturelle du temps à un charmant portail de la renaissance, où se trouve une statue de la sainte Vierge, avec ce distique :


Chrestien, si mon amour est en ton cœur gravé,
Ne difère en passant de me dire un ave.


La nef large et hardie de cette église est défigurée par trois monstrueux autels à baldaquin qui en obstruent tout le fond.

À Saint-Nicolas, il y a un portail curieux et un clocher à ogives trian-