Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/527

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
521
DU VANDALISME EN FRANCE.

jets ineptes, mais heureusement interminables, des maçons ministériels et académiques. À part quelques jeunes gens chez qui Notre-Dame de Paris a réveillé un nouveau sens, et qui depuis jettent en passant sur la vieille basilique un regard de tristesse et d’admiration ; à part quelques artistes proscrits par les académies et méconnus du public, Paris n’offre nul espoir de régénération. En fait de constructions nouvelles, peu de villes au monde sont, à ce que je pense, assez malheureuses pour que des fidèles soient condamnés à échanger la grotesque rotondité de l’Assomption contre la masse informe et inintelligible de la Madeleine. En fait de restauration, on en est toujours à ce même esprit qui fit équarrir et revêtir de marbre le chœur de Notre-Dame, il y a plus d’un siècle. Ce que je connais de plus neuf en ce genre, c’est l’incroyable chapelle de la Sainte-Vierge à Saint-Étienne-du-Mont, où l’on n’a pas craint cependant d’exposer, au milieu de toutes les niaiseries possibles, le beau tableau de M. Schnetz, sa Famille italienne au pied de la consolatrice des affligés.

Malgré toutes les misères que je vous ai racontées, je ne veux pas terminer sans reconnaître comme un fait accompli l’existence d’une réaction en faveur de l’art historique et national, réaction timide et obscure, mais progressive et pleine d’avenir. Cette réaction, mon ami, c’est vous qui l’avez commencée, qui l’avez popularisée ; je ne me lasse pas de le répéter, car j’aime à vous faire un patrimoine de cette gloire. Elle se manifeste aujourd’hui de deux manières : d’abord par des recherches approfondies sur les divers caractères et les développemens successifs des monumens locaux ; tels sont les excellens travaux de M. de Caumont et de la société archéologique de Normandie, à Caen ; ceux de MM. Liquet et Langlois, à Rouen ; de M. Jouannet, à Bordeaux ; de M. Du Mège[1], à Toulouse ; enfin, de M. Ch. Magnin dans cette même Revue. Il n’y a pas jusqu’au Constitutionnel qui ne nous ait prêté le secours de son imposante autorité, et qui, dans un feuilleton très remarquable du 17 octobre dernier, n’ait arboré, lui aussi, le drapeau de la réaction historique. Enfin nous attendons avec une vive impatience l’ouvrage important qui doit mettre un terme au trop long silence de M. Vitet, dont les anciens efforts en faveur de notre cause sont connus et appréciés de tout le monde.

D’un autre côté, il y a déjà des applications de cet esprit régénéré, peu nombreuses et peu étendues, il est vrai, mais qui n’en sont pas moins louables et consolantes. Ainsi, à côté des travaux de MM. Combes, Poitevin et Lasmolle, à Bordeaux, on peut citer ceux de M. Pollet à Lyon : il a rétabli

  1. Ce savant écrivain vient d’annoncer la publication d’un ouvrage qui sera du plus grand intérêt, intitulé, Archéologie Pyrénéenne.